« L’ombre du vent » – Carlos Ruiz Zafón

L'ombre du ventLe jeune Daniel, découvre grâce à son père libraire à Barcelone, un lieu secret méconnu de tous, « Le Cimetière des livres oubliés »…où sont gardés au secret, loin du monde, des livres ayant disparu de la circulation, non réédités…
Le maître des lieux et son père l’autorisent à choisir un livre, à condition qu’il en prenne soin pendant toute sa vie. Alors ce sera « L’ombre du Vent » de Julian Carax…qu’il s’empresse de lire. Il découvre que tous les livres de cet auteur ont disparu, tous brûlés..Il tient en main un petit trésor. Chaque livre reflète une partie de la personnalité de son auteur, dit-on. Alors Daniel va tenter d’en savoir plus sur Julian Carax, auquel très rapidement il s’attachera, sans pouvoir le rencontrer puisqu’il est mort. 
Les livres font la vie de Daniel : il vit aux côtés de son père veuf, qu’il aide de temps en temps, dans sa librairie.

L’Espagne est encore franquiste, nous sommes à la fin, des années 40…
Je viens d’entrer dans un livre, à la fois polar, et livre retraçant l’histoire perturbée de cette Espagne franquiste, de Barcelone avec ses flics pourris et tortionnaires, livre d’amitiés et d’amours, livre d’amour de l’auteur pour Barcelone….un livre aux multiples attraits. 
Un livre qui bouscule et balade le lecteur dans le temps et Barcelone des années 30 aux années 60 … Qui est qui ?…on part sur une piste, sur un personnage qu’on commence à comprendre et à connaître, et plusieurs pages après, plusieurs années après on découvre des liens qu’on ne soupçonnait pas entre eux…Bref, l’auteur qui prend la voix de Daniel s’amuse avec nous,  nous bouscule… en cherchant à en savoir plus sur Julian le nouvel ami de Daniel a été fasciné par son écriture… Et nous étourdit dans les dernières pages. 
Julian Carax…Qui était-il, comment a t-il disparu ? Pourquoi? 
Ah que ce voyage dans le temps, dans ces familles modestes ou aisées, dans ce Barcelone que l’auteur adore, est merveilleux et magique, aux cotés de Daniel, de son père, de Fermín Romero de Torres, clochard repoussant de saleté, embauché par le père de Daniel dans sa librairie…Fermín Romero est un homme à la fois secret et ouvert aux autres, instruit, cachant un lourd passé : son corps est couvert de cicatrices.
Un flic Javier Fumero est toujours à sa recherche, toujours prêt à l’arrêter et à le tabasser. Mais qu’a-t-il donc à lui reprocher?  Et qui est ce salaud de flic, un type ayant mangé à tous les râteliers depuis les années 30, passé de la Gauche au franquisme le plus violent ?…
Secrets des uns, curiosité des autres…Découverte des turpitudes ! Plaisir du lecteur !
Quoi de plus passionnant pour un lecteur, que de relire ce livre, lu il y a presque 15 ans…Oui on oublie ! 
Il y a des livres qu’on peut lire et relire, parce qu’ils sont fouillés, précis, habilement construits. Des livres dont chaque lecture, fait découvrir un point de vue nouveau, des livres dont les intrigues sont si subtiles, qu’ils sont inracontables, des livres qui désarçonnent le lecteur. Ah que c’est bon !
Vite il faut que je lise la suite !
Éditions Robert Laffont – 2012 – Traduction François Maspero – Parution initiale 2002 – 505 pages

Quelques lignes
  • « Nous suivîmes le gardien dans le couloir du palais et débouchâmes dans une grande salle circulaire où une véritable basilique de ténèbres s’étendait sous une coupole percée de rais de lumière qui descendaient des hauteurs. Un labyrinthe de corridors et d’étagères pleines de livres montait de la base au faîte, en dessinant une succession compliquée de tunnels, d’escaliers, de plates-formes et de passerelles qui laissaient deviner la géométrie impossible d’une gigantesque bibliothèque. » (P. 11)
  • « Chaque livre, chaque volume que tu vois, a une âme. L’âme de celui qui l’a écrit, et l’âme de ceux qui l’ont lu, ont vécu et rêvé avec lui. Chaque fois qu’un livre change de mains, que quelqu’un promène son regard sur ses pages, son esprit grandit et devient plus fort. » (P. 12)
  • « La télévision est l’Antéchrist, mon cher Daniel, et je vous dis, moi, qu’il suffira de trois ou quatre générations pour que les gens ne sachent même plus lâcher un pet pour leur compte et que l’être humain retourne à la caverne, à la barbarie médiévale et à l’état d’imbécillité que la limace avait déjà dépassé au Pléistocène. Ce monde ne mourra pas d’une bombe atomique, comme le disent les journaux, il mourra de rire, de banalité, en transformant tout en farce et, de plus, en mauvaise farce. » (P. 116)
  • « la difficulté n’est pas de gagner de l’argent, se lamentait-il. La difficulté est de le gagner en faisant quelque chose qui en vaille la peine. » (P. 388)
  • « Les guerres sont sans mémoire, et nul n’a le courage de les dénoncer, jusqu’au jour où il ne reste plus de voix pour dire la vérité, jusqu’au moment où l’on s’aperçoit qu’elles sont de retour, avec un autre visage et sous un autre nom, pour dévorer ceux qu’elles avaient laissés derrière elles. » (P. 446)

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