« La Chambre de Giovanni » – James Baldwin

La Chambre de GiovanniDavid est un jeune américain dans le Paris des années 50. Sa fiancée Hella est en Espagne…Seul, il fréquente les bars, cherche de la drogue…il doit de l’argent, ne sait où dormir…Rencontre avec Giovanni, jeune italien, qui l’héberge. Début d’une relation sexuelle, d’un amour, d’amours qu’on cachait alors. Magnifique roman, que certains disent autobiographique sur l’amour homosexuel… 
Roman tragique aussi sur la peine de mort, évoquée très tôt dans le livre. Pourquoi ? Je vous laisse le découvrir.
Si Giovanni se donne complètement à cet amour véritable, il n’en est pas tout à fait de même pour David, qu’on perçoit tantôt passionné, tantôt incapable et fautif du fait de cette relation interdite par l’époque, interdite par les bonnes mœurs. Tiraillé par les conventions. Incapable de s’assumer.

Cette petite chambre l’étouffe parfois, Hella est toujours présente à son esprit.   
Un roman troublant, non pas du fait du thème, mais surtout du fait du témoignage de la période. Un petit côté vieillot bien nostalgique dans la description des lieux, de l’époque, de l’ambiance. Et surtout dans la perception du poids des convenances.
Je ne sais pas comment ce livre fut reçu lors de sa parution. Il a certainement dû être montré du doigt, banni dans certains milieux bien pensants. Peut-être confidentiel, James Baldwin n’étant pas alors très connu..C’était l’un de ses premiers livres. 
Si la confrontation culturelle ne posait pas de problème, il n’en était pas de même ce ce qui concerne l’identité sexuelle, les amours homosexuelles, même sincères.  
« On a beaucoup écrit sur l’amour qui se transforme en haine, sur le cœur qui, avec la mort de l’amour, devient de la glace. C’est un processus remarquable. Considérablement plus terrible que tout de que j’avais lu sur le sujet, plus terrible que je ne saurais jamais le dire. » (P. 222)
Éditions Rivages poche – 2018 –  Traduction : Élisabeth Guinsbourg –  Première parution : 1956 – 238 pages

Présentation de James Baldwin


Quelques lignes

  • « Et voilà comment j’ai rencontré Giovanni. Je crois que le lien s’est créé à l’instant où nous nous sommes vus, et que nous sommes restés liés malgré la séparation de corps qui eut lieu plus tard, malgré le fait que Giovanni pourrira bientôt dans un sol impie près de Paris. » (P. 65)
  • « Les femmes, c’est comme l’eau. Aussi tentantes et aussi traîtresses; elles peuvent donner l’air d’être tout en profondeur quand en fait elles sont tout en surface. » (P. 113)
  • « Parfois je me disais : mais c’est cela ta vie. Cesse de lutter. Cesse de te débattre. Ou bien je pensais : mais je suis heureux. Et il m’aime. Je ne suis pas en danger. Parfois, lorsqu’il n’était pas près de moi, je pensais : je ne le laisserai plus jamais me toucher. Et puis, quand il me touchait, je me disais : ça ne fait rien, ce n’est qu’un corps, il n’y en a pas pour longtemps. Quand c’était fini, je restais allongé dans le noir, je l’écoutais respirer et je rêvais de mains, des mains de Giovanni, ou d’autres mains, qui auraient le pouvoir de me broyer et de me restituer entier à moi-même. » (P. 126)

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