« Mémoires d’un esclave » – Frederick Douglass

Tous les esclaves d’Amérique n’étaient pas des nègres, noirs, bien noirs…certains avaient du sang blanc. Plus ou moins de sang blanc

Les femmes esclaves, étaient aussi des objets sexuels devant se plier aux désirs lubriques de leur maîtres et accouchaient souvent d’enfants métis, fruits de ces « amours »….des esclaves reproductrices…

C’était un excellent moyen pour le maître d’accroître son cheptel, de gagner l’argent en revendant même son fils ou sa fille à une autre famille…Bref, la saloperie -je n’ai pas d’autres mots- et l’indignité n’avaient pas de limite. La noirceur n’était pas dans la couleur de la peau.

Avec le temps, certains esclaves étaient presque aussi blancs que leurs maîtres.

Frédérick fut l’un d’eux, prêté par son maître, par son père à d’autres, loué, vendu, passant de famille en famille, de conditions de travail « acceptables », mais peut-on accepter ces conditions de vie, aux coups de fouet et à la violence.

Le fouet, si utile pour faire obéir et punir les esclaves.

Il apprit seul à lire, à assembler les lettres pour faire des mots : « En m’enseignant l’alphabet, ma maîtresse m’avait donné un pouce et plus rien de pouvait m’empêcher de prendre un pied. » Ce n’était pas essentiel quand on est esclave, c’était même refusé…un esclave éduqué ayant tendance plus que les autres à comprendre le sens de sa vie et par conséquence à rechercher la liberté.

Une histoire vécue qui permet d’en apprendre un peu plus sur cette société américaine qui compta presque 4 millions d’esclaves en 1860. Les anecdotes sont nombreuses, mais surtout ce texte est une réflexion permettant d’analyser le contexte de l’esclavage, ce système de société sudiste.Frederick la quittera, gagnera le Nord des Etats-Unis et ainsi sa liberté. 

Ce n’est que plus tard, en 1845, qu’il rédigera ce texte paru sous le titre « Narrative of the Life of Frederick Douglass, an American Slave.Written by Himself ». Il n’y cache rien, donne les noms de ceux qui l’ont frappé, fouetté, de celle qui lui appris l’alphabet, donne les noms d’autres esclaves.

En faisant cela, il risquait sa vie, il le savait.

Nombreux sont les textes sur l’esclavage américain, des textes qui sont souvent des romans! Ce n’est pas le cas avec Mémoires d’un esclave…il s’agit d’un récit personnel, d’un témoignage, traduit et replacé par les annexes dans le contexte historique des Etats-Unis. Une  chronologie en annexe également, retraçant la vie de l’auteur, ses rencontres, ses prises de position, complète utilement le texte, et ceux qui veulent en savoir encore plus disposent d’une liste d’ouvrages sur le thème. 

Passionné par l’homme et son histoire, j’ai voulu en savoir un peu plus sur ce métis qui déclara : « Si l’esclavage et la liberté sont multiples, tous les chemins de la liberté passent par l’éducation en général et par la lecture en particulier »…

J’ai trouvé en téléchargement le texte d’une quarantaine de pages, (qui permet de réviser nos notions d’anglais), le texte d’un discours édité le 5 juillet 1852 à Rochester dans le Corinthian Hall à Rochester …à l’occasion de la Fête de l’Indépendance. 

Il y clamait (en majuscules dans le texte, Page 30)  « YOUR HANDS ARE FULL OF BLOOD »

Un témoignage indispensable et malheureusement toujours d’actualité dans d’autres parties du monde

Editions Lux – 2007 – Traduction ; Normand Baillargeon & Chantal Santerre – Parution initiale en 1845182 Pages


Présentation de Frédéric Douglass


Quelques lignes

  • « …l’odieux du fait que les propriétaires d’esclaves ont ordonné et édicté par loi que les enfants des femmes esclaves seraient eux aussi des esclaves. » (P. 4)
  • « Pour se vêtir, au cours de l’année, ils recevaient deux chemises et un pantalon de mauvais tissu, une veste, un pantalon d’hiver fait de toile grossière pour nègres, une paire de chaussettes et une paire de souliers, le tout ne valant pas plus de sept dollars.. » (P. 13)
  • « Plus les esclaves sont malheureux et plus ils chantent. Leurs chansons disent la tristesse de leur cœur ; elles les apaisent de la même manière que des larmes apaisent un cœur blessé. » (P. 18)
  • « …le meurtre d’un esclave ou de toute autre personne de couleur n’est considéré comme un crime ni par la justice ni par la communauté. » (P. 29)
  • « C’est que, précisa-t-il, si tu donnes un pouce à un Nègre, il prendra un pied. L’esclave ne doit rien connaître d’autre que la volonté de son maître et comment lui obéir. Si tu apprends à lire à ce nègre, continuait-t-il en parlant de moi, rien ne pourra plus le retenir. Plus jamais il ne pourra être un bon esclave. On ne pourrait plus le contrôler et il ne serait plus d’aucune valeur pour son maître. Quant à lui, l’éducation ne lui ferait aucun bien et ne pourrait lui apporter que beaucoup de souffrance : elle le rendrait malheureux et inconsolable. » (P. 38)
  • « M.Covey était un homme pauvre, qui commençait à peine dans la vie et qui n’avait les moyens d’acheter qu’une seule esclave. Aussi choquant que cela puisse paraître, il l’avait acquise comme reproductrice. » (P. 76)
  • « J’ai compris que pour faire un esclave content de son sort, il faut faire un esclave qui ne pense pas. Il faut absolument obscurcir son sens moral et son esprit et, autant que possible, tuer en lui toute capacité de raisonner. Il faut qu’il lui soit impossible de déceler des contradictions dans l’esclavage; il faut qu’il croie que l’esclavage est juste ; et cela, il ne peut le croire que s’il cesse d’être un être humain. » (P. 116)

Une réflexion sur “« Mémoires d’un esclave » – Frederick Douglass

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