« Voyage thérapeutique » – Armand Cabasson

« Dommage qu’on n’ait pas un bouton «Reset» dans le cerveau. Les électrochocs, peut-être. » (P. 359)

Un bouton qui permettrait d’éviter ces retours en arrière qui arrivent spontanément ou permanents, ces flash-backs qui gâchent une journée voire bien plus…

Nous avons tous, plus ou moins ces moments désagréables, ces rencontres, ces accidents de la vie, etc. qui déboulent tout d’un coup et gâchent depuis la journée jusqu’à la vie pendant plus ou moins de jours.

Certains sont mineurs mais d’autres sont des traumatismes bien plus sérieux, pertes violentes d’êtres chers, viols, agressions, attentats qui bloquent de façon plus ou moins permanente, toute initiative, tout plaisir…toute possibilité de bonheur, des traumatismes qui nécessitent l’aide et l’accompagnement de spécialistes…des psy…psychologues, psychiatres.

Impossible de trouver le bouton « Reset » qui subitement fait revenir à l’état antérieur. Un « reset » qui peut prendre beaucoup de temps.

Quand Babelio m’a proposé cette lecture, dans le cadre de l’opération « Masse critique » cette découverte d’Armand Cabasson, j’ai  hésité. Oui, hésité, car je ne suis pas très attiré par tout ce qui est « psy »…C’est grave docteur ? Sans doute parce que ma mère, mais ça c’est personnel…etc..il faudrait peut-être que j’en parle, à un spécialiste.

Mais j’ai fait ma vie sans, alors je laisse tomber, c’est si vieux tout ça!

Armand Cabasson et Babelio m’ont proposé un roman dans lequel les hasards de la vie vont permettre à plusieurs personnes qui n’étaient pas faites pour se rencontre de se croiser. Trois personnes dont la vie est à jamais perturbée par un traumatisme, une jeune femme agressée et violée, un tireur d’élite qui au cours d’une opération contre des narcotrafiquants au Mexique a perdu son pote, son ami….un ami qui lui parle encore à l’oreille et dont il reverra les traits dans sa lunette de visée….difficile de s’en remettre et une jeune femme qui a survécu à un grave accident de voiture dans lequel elle a perdu ses amis….Bref des traumatismes que chacun de nous peut avoir à surmonter,  dont on peut se remettre si on est accompagné et d’autres bien plus graves qui mènent à la folie….

Attention « Voyage thérapeutique » n’est pas un roman dans lequel un psy nous présente le long et difficile chemin de la reconstruction de chacun …non, c’est avant tout un roman d’aventures de vie…..trois aventures de vies qui n’étaient pas faites pour se croiser, et qui par hasard….mais je n’en dirai pas plus.

Un roman diablement bien écrit,  impossible, en qui me concerne, à lâcher.

Trois traumatismes…certains vont être surmontés, quant à d’autres…je vous laisse le découvrir…le fil du rasoir, d’un coté on parvient à revivre et de l’autre on tombe vers la folie, vers l’irrationnel, la violence exacerbée .

Roman très violent parfois, dans lequel même les plus forts peuvent tomber, roman d’un quotidien qui peut subitement basculer et voler en éclat, roman de surhommes surentrainés qui peuvent craquer.

Bref, le romancier m’a offert un beau roman d’aventure dans la jungle, aux côtés de ces surhommes luttant contre la drogue et le psychiatre m’a ouvert les yeux sur son métier, son approche de ses patients…et tous d’eux m’ont permis de passer un beau et long week-end de lecture.

Et un final….!!

J’ai envie dorénavant de découvrir un peu plus Armand Cabasson…que j’aurai sans doute moins facilement approché si Babelio ne me l’avait pas proposé. Alors je vais en reparler et vivement remercier Babelio

Éditeur : Librinova – 2021 – 469 pages


Lien vers la présentation d’Armand Cabasson


Quelques lignes

  • « Si vous êtes en danger, dissimulez-vous! Observez, collationnez, analysez, et ensuite vous saurez comment agir. » (P. 18)
  • « Dans les cartels, ce qui compte, ce n’est pas le baptême du feu mais le baptême du meurtre. » (P. 58)
  • « Entrainement facile, guerre difficile. Entrainement difficile, guerre facile. » (P. 140)
  • « Pour commencer, on applique une stratégie. L’idée, c’est que tu deviennes experte de ton propre trouble. Du coup, tu vas prendre une place de co-thérapeute, tu vas apprendre à t’aider toi-même. Parce que, moi tout seul, je ne peux rien faire. L’effort thérapeutique majeur, c’est toi qui vas le réaliser. Par analogie, je dirais que notre relation est celle du coach et du sportif. Moi j’explique et je conseille, toi tu agis. Plus tu comprendras ce qui t’arrive, plus tu reprendras du contrôle. » (P. 205)
  • « Notre cerveau passe son temps à traiter les informations qu’il reçoit. Il procède beaucoup par comparaison, il a tendance à associer les souvenirs qui se ressemblent. Un peu comme quand on assemble un puzzle : on prend une pièce et on l’approche de celles qui ont des couleurs et des contours semblables. Au moment du trauma, le cerveau de la victime est confronté à des sensations radicalement  différentes de tout ce qu’il a rencontré jusqu’à présent […] L’esprit procède de la même manière. Il met d’un côté le «puzzle de la vie», de l’autre le «puzzle du traumatisme».  » (P. 206)
  • « Un pays qui cesse de perpétuer ses traditions devient amnésique et anonyme, un « pays-Alzheimer»  » (P. 215)
  • « Quand tu es vivant : tu demandes quelque chose, les gens t’envoient bouler, mais après ta mort : tout le monde se met en quatre pour accomplir tes volontés. » (P. 253)

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