« Peste et choléra » – Patrick Deville

« On est encore à cette époque où l’homme finit de se rendre maître et possesseur de la nature. Où la nature n’est pas encore une vieillarde fragile qu’il faut protéger, mais un redoutable ennemi qu’il faut vaincre. » (P. 94)

Une époque au cours de laquelle, on mourrait de maladies, contractées ici ou là !…des morts naturelles.

Dans leurs laboratoires les chercheurs découvraient au microscope, sur leurs paillasses, des anomalies sources de mort…Pasteur leur avait ouvert la voix et avait découvert ces microbes, ces anomalies qui détraquaient un corps, et qui le faisaient mourir.

Et ils avaient mis au point des vaccins pour neutraliser l’action de ces virus. Des vaccins que nous utilisons encore. Ils ont tous permis d’éradiquer ces maladies, de les faire presque disparaître de notre monde….

Alors il est devenu naturel, l’actualité nous l’a confirmé, que  la Science, avec un grand S, mette au point très vite des outils, des vaccins, pour interdire ces maladies, pour calmer nos angoisses….des vaccins que nous attendons toujours très rapidement. 

Les moyens ont évolué, d’autres chercheurs ont trouvé des méthodes nouvelles pour vaincre ces maladies, on parle d’ARN Messager….de l’ADN des cellules..

Aujourd’hui, on évoque des équipes de chercheurs, des laboratoires complets de docteurs, des équipes de chercheurs, des ordinateurs, des microscopes électroniques capables de détecter l’infiniment petit, de comprendre de l’ADN des cellules…là où se niche les erreurs de la nature.

Que de progrès en 80 -100 ans  ! Des progrès en grande partie dus à des innovations techniques électroniques ou informatique, inexistantes alors.

Pasteur leur a ouvert la voie, ils s’y sont engouffré. Et Yersin qui a « la réputation d’être un ours et un emmerdeur » a permis par son travail, par son abnégation de supprimer de notre monde la peste, le choléra ..excusez du peu !

Et pourtant, combien sont ceux qui peuvent citer Yersin parmi les chercheurs qui ont permis à la science de progresser, à l’homme de mieux vivre?

Nous sommes tous capables de trouver dans chaque ville, soit un hôpital, soit un Boulevard portant le nom de Pasteur ou d’autres…Mais combien de villes, ont mis  Alexandre Yersin à l’honneur en lui réservant un boulevard…

D’autres comme Schwweitzer ont eu le prix Nobel.

Yersin, quant à lui, finançait ses travaux de recherche en développant l’Indochine.

Ses travaux permirent  la découverte du bacille de la peste en 1884 et ainsi la préparation du premier sérum anti-pesteux, ainsi que l’étude de la toxine diphtérique.

Patrick Deville écrira : « Touche à tout de génie il voit tout l’intérêt du caoutchouc pour financer ses recherches. Il s’est fait planteur. Ça commence à donner pas mal. À faire vivre son Institut. Puis à rapporter gros. Un pactole. Il a su anticiper l’essor de l’auto et du vélo. »

Belle découverte d’un titre et surtout d’un chercheur de génie, trop méconnu.

Éditeur : Points – 2012 – 253 pages


Lien vers la présentation de Patrick Deville


Quelques lignes

  • « On confond souvent, tant qu’on ne l’attrape ni  l’une ni l’autre la peste avec la lèpre. La grande peste du Moyen-Âge, la peste noire, c’est vingt-cinq millions de morts qu’il faut rapporter à la démographie. La moitié de la population de l’Europe est décimée. Aucune guerre encore n’a jamais causé une telle hécatombe. » (P. 21)
  • « Yersin est le premier homme à observer la bacille de la peste, comme Pasteur avait été le premier à observer ceux de ka pébrine du ver à soie, du charbon du mouton, du choléra des poules et de la rage des chiens. » (P. 123)
  • « On déroule souvent l’histoire des sciences comme un boulevard qui mènerait droit de l’ignorance à la vérité mais c’est faux. C’est un lacis de voies sans issue où la pensée se fourvoie et s’empêtre. Une compilation d’échecs lamentables et parfois rigolos. Elle est comparable en cela à l’histoire des débuts de l’aviation. Eux-mêmes contemporains des débuts du cinéma. De ces films saccadés en noir et blanc où l’on voit se briser du bois et se déchirer la toile. Des rêveurs icariens harnachés d’ailes en tutu courent les bras écartés comme des ballerines vers le bord d’une falaise, se jettent dans le vide et tombent comme des cailloux, s’écrasent en bas sur la grève. » (P. 170)
  • « Rien ne naît de rien. Tout ce qui naît doit mourir. » (P. 191)
  • « Yersin est un touche-à-tout, un spécialiste de l’agronomie tropicale et un bactériologiste, un ethnologue et un photographe. » (P. 213)

2 réflexions sur “« Peste et choléra » – Patrick Deville

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s