
« Au bout de la première demi-heure Musfik a semblé s’ennuyer. » (P. 169)
Moi aussi ! Je n’arrivais pas à entrer dans cette lecture
Je me suis demandé souvent où j’allais, si oui ou non j’allais lâcher ce livre. Si je n’avais pas pris l’engagement de le lire dans le cadre d’une opération « Masse Critique » organisée par Babelio, je l’aurais sans doute abandonné et je serais passé à autre chose.
Oui j’avais été attiré…..un auteur dont je n’avais jamais entendu parler, et Babelio, précisait sur la quatrième de couverture : « Mügfk, garçon débordant de sensualité qui vit ses amours masculines dans la Turquie conservatrice des années 1950….. »
Années 50 qui furent celles de mon enfance, interdits que je connaissais du fait ma famille curaillon, et Turquie, que j’ai rarement croisée dans mes lectures, sans compter ce poncif sur l’homosexualité dans le monde musulman ……espoirs d’être fortement intéressé par ce titre…sans compter que je ne connaissais pas Bilge Karasu…dont la photo me rappelait de nombreuses photos familiales, celles d’ancêtres que je n’ai pas connus.
Bref l’espoir d’une vraie découverte…Et ce fut une découverte, oui, une vraie découverte….Mais pas tout à faite celle que j’attendais, loin de là !
J’ai été déconcerté par ces premières pages du livre, ces phrases courtes et hachées…Incompréhensibles parfois….pourvu que tout le livre ne soit pas ainsi ! Hallucinées presque : « Le soleil s’était passablement fendu »… » déconcerté par ces associations de mots : « Le silence de la maison était d’une lourdeur de grossesse difficile »
Une envie de laisser tomber, mais non, je tenais à respecter mon engagement pris avec Babelio !
Puis plus tard, tout change, les phrases s’allongent, sans aucune ponctuation, des phrases d’une page voire plus…parfois, lourdes et incompréhensibles, difficiles à lire imposant plus tard une relecture pour tenter de comprendre où veut en venir l’auteur!
Puis au détour d’une page…..le bonheur arrive, celui qu’on attendait, rien de lubrique, non, la tendresse, l’amour, la beauté, le bonheur….
Le bonheur de certaines pages, qu’on relit avec plaisir,Je garderai le souvenir de ces belles pages…mais pourquoi tout ne fut pas aussi intelligible et éblouissant ?
Kontr Éditions – 2019- 180 pages –
Traduction par Alain Mascaro et Asli Aktug
Quelques lignes
« Dans la chaleur du sang bourdonnant que traversent la poussée à laquelle on s’affaire, craignant que la longueur ronde et pointue ne se plante et ne reste dans la chair qui se déchire, mais aussi les tremblements où l’on tombe et retombe en ressentant l’enflement étouffant et à l’odeur de sang qui lacère les fosses nasales, et qui souffle, et qui coule, et qui met en sueur…Fémellité…expulsions. Achèvement facile, très facile de l’expulsion. Cri doux, attendu faisant bouger les pierres, attendu, dont on ignore qu’on l’attend. le premier enfant est mâle : c’est bon. La femelle s’étale…Calme tranquille. La mer, dans sa lueur. » (P. 9)
« Je comprenais qu’à part moi, nul ne pouvait trouver de remède à ma solitude » (P. 110)
« Je savais bien que faire attention voulait dire : faire attention, c’était parler de façon à ne pas faire enrager mon père, à ne pas lui donner l’occasion d’écumer, le ménager, ne pas oublier qu’il était le meilleur homme du monde quand il n’avait pas bu, même s’il me blessait, ravaler mes insultes sans oublier qu’il était ivre, que c’était mon père, ça voulait dire ne pas ouvrir la bouche pour proférer des insultes, «répondre, tenir tête ». » (P. 112)
« C’était une odeur sans haine, sans jalousie. » (P.141)