« La guerre des pauvres » – Éric Vuillard

« Il veut en finir avec la pompe et ce luxe de chien »

Thomas Müntzer,  né vers 1489 à Stolberg dans le Harz (Allemagne actuelle) était l’un de ces prédicateurs instruits, connaissant le latin. L’imprimerie permettait depuis peu de diffuser en plus grand nombre des textes que les copistes auraient du écrire pendant plusieurs années.

Zwickau est une petite ville, au cœur d’un pays de mines et tissages. Les ouvriers fabriquent des draps de qualité.  Comme toutes les villes, elle est partagée entre deux populations, patriciens et plèbe, bourgeois et ouvriers…

Un autre partage de population se fait jour, un partage entre catholiques d’une part, et partisans d’Erasme et de Jean Hus d’autre part….la messe en latin et ses pompes, d’une part et la prière en allemand d’autre part..la parole divine propriété des curés et la célébration comprise de tous. 

Premières guerres de religion, premiers affrontements pour des idées…un affrontement qui verra des prédicateurs comme Thomas Müntzer proposer « un monde sans privilèges, sans propriété, sans État » une parole qui séduit les plus pauvres…des plus pauvres qui s’élèveront contre les puissants, qui prendront les armes, les fourches et feront vaciller le pouvoir, galvanisés par les sermons de Thomas Müntzer.

« Si Dieu avait condamné certains hommes à vivre dans la servitude et d’autres à vivre libres, il les aurait sans douté désignés. »

C’est cet affrontement, dans les années 1520, l’un des premiers, entre seigneurs détenant le pouvoir et plus pauvres, instruits par Thomas Müntzer qu’Éric Vuillard nous conte. Affrontement entre latin et allemand, affrontements entre riches et pauvres…affrontement à l’issue duquel Thomas Müntzer perdra la tête

Un texte court, un petit bijou, lu en peu de temps, qu’on prend plaisir à relire, un texte qui fait écho avec d’autres temps, d’autres émeutes populaires..et presque avec notre actualité. Ce n’est pas en coupant la tête des meneurs qu’on stoppe une révolte…l’histoire nous le rappellera plusieurs siècles plus tard.

Editions Actes-Sud – 2019 – 68 pages


Lien vers la présentation d’Éric Vuillard

En savoir un peu plus sur Thomas Müntzer


Quelques lignes

  • « On avait du mal à comprendre, pourquoi Dieu, le dieu des mendiants, crucifié entre deux voleurs, avait besoin de tant d’éclat, pourquoi ses ministres avaient besoin de tant d’éclat, pourquoi ses ministres avaient besoin de tellement de luxe, on éprouvait parfois une gêne. Pourquoi le dieu des pauvres était-il bizarrement du côté des riches, avec les riches, sans cesse . » (P. 13)
  • « Le pape se fâche et quand le pape se fâche, il pleut des bulles. » (P. 16) 
  • « Si Dieu avait condamné certains hommes à vivre dans la servitude et d’autres à vivre libres, il les aurait sans douté désignés. » (P. 19)
  • « On dit que la vérité a plusieurs visages, dont l’un serait plus affreux que le mensonge, mais toujours caché. » (P. 58)
  • « Le martyre est un piège pour ceux que l’on opprime, seule est souhaitable la victoire. » (P. 68 – Dernière phrase du livre)

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