« Quelque chose à te dire » – Carole Fives

« Elsa Feuillet admirait Béatrice Blandy. C’était une écrivaine dont elle pouvait relire les romans chaque année, sans jamais se lasser. »

...Et pourtant Béatrice Blandy était une auteure discrète, présente dans les librairies, mais ne faisant pas de bruit lors de chaque rentrée littéraire…Non, elle avait « peu écrit, cinq romans seulement en trente ans, soit un tous les six ans »

Elsa, auteure elle aussi, mais moins connue que Béatrice, qui l’avait aidée et conseillée, attira l’attention de Thomas , le mari de Béatrice…En effet, en lisant par hasard le dernier livre d’Elsa, il avait remarqué en exergue, une phrase extraite d’un livre de son épouse Béatrice dont il faisait le deuil avec difficultés…il demande à rencontrer Elsa.

Il a acheté quelques uns de ses titres, en plusieurs exemplaires, et, lui demande de les dédicacer afin de les offrir à des actrices célèbres, des metteurs en scène. Il est en effet producteur de cinéma!

Elsa monte donc à Paris depuis Lyon où elle habite…rencontre entre Elsa et Thomas

Rencontre qui, très vite, se transforme en admiration d’Elsa pour Thomas Blandy, homme aisé, vivant dans un appartement luxueux et vaste dans les beaux quartiers, aisé au point d’avoir un Picasso dans sa cuisine…les autres pièces sont à l’avenant, des tableaux, des grands pièces donnant sur les boulevards, des hauts plafonds, du papier monnaie en veux-tu en voila…L’admiration est, certainement étroitement liée à la condition sociale de Thomas, à ce qu’il peut lui apporter, admiration intéressée n’interdisant pas un certain sans-gêne, de Béatrice…puisqu’elle s’habille avec les robes de Béatrice

Et ce qui devait arriver, je ne vous fait pas un dessin. 

Thomas veut cependant quitter cet appartement dans lequel son épouse reste trop présente……et finalement il se console de plus en plus souvent dans les bras d’Elsa…Une expression qui me fait toujours sourire…

Elsa n’est cependant pas tout à fait bien…Béatrice est encore trop présente, dans les photos sur les murs, sur la table de chevet du lit où Thoma et elle se retrouvent!

Jusqu’au jour où l’éditrice de Béatrice arrive pour tenter de récupérer les écrits inachevés du livre que Béatrice rédigait. Béatrice lui l’avait dit ! 

Une demande qui ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde…Elsa se met en chasse y compris dans les endroits qui lui sont interdits.

Bingo !

Bling-bling, sans gêne….réflexions et regards acerbes portés sur le monde de la littérature, de l’édition, du fric, des prix littéraires…

Un beau moment de lecture. Dérangeant. 

Éditeur : Gallimard – 2022 – 167 pages


Présentation de Carole Five


Quelques lignes

  • « Si cette écrivaine géniale avait pu passer presque trois décennies auprès de lui, si elle avait pu écrire ses chefs-d’œuvre à ses côtés, c’est qu’il y avait forcément quelque chose. Ce quelque chose qu’elle n’avait encore trouvé auprès d’aucun homme, et qui saurait peut-être la retenir. » (P.36) 
  • « Ils se reconnaissaient entre eux, les ex-enfants délaissés, à cette simple phrase, «je n’ai pas le souvenir d’un seul baiser de ma mère». Pas besoin d’explication supplémentaire, on sentait le gouffre derrière. » (P. 92)
  • « A chaque fragment, elle comprenait un peu plus profondément le texte, jusqu’à parfois ne plus faire qu’un avec les intuitions de Béatrice, quelle développait dans leurs moindres nuances. Elsa trouvait cette force et cette énergie que lui insufflait chacune des phrases de Béatrice, chacun de ses mots. » (P. 117)
  • « Le texte de Béatrice, qu’elle travaillait et ciselait dans ses chairs les plus intimes, les plus vitales, l’ancrait, la rendait à son désir à elle et lui conférait la puissance qui lui avait toujours fait défaut. » (P. 118)
     

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