
« Mieux vaut construire un pont qu’un mur « …..Ce n’est pas le roman qui le mentionne mais Elton Jhon…..Phrase qu’il prononça. …Roman de ponts et de murs, que nous découvrons au fil des pages.
Roman de vie…dénonciation de nos vies urbaines. De notre vie moderne !
Et pourtant ce roman est le roman dans lequel murs et pont résument les projets, les ambitions et également les centres d’intérêts des habitants de cette ville de banlieue parisienne…il y a plusieurs décennies.
Murs pour séparer et ponts pour unir…. pour s’adapter aux évolutions de notre monde.
Un grande partie de la population du village de Saint-Amand, vivait de la culture du chasselas, raisin faisant honneur sur les tables. Il était cultivé contre des murets en pierre exposés au soleil, sur lesquels il pouvait d’accrocher et se dorer…..et était vendu emballé dans des papiers de soie…Jusqu’en Russie ! C’était l’une, voire LA FIERTE de ce village, une fierté protégée du vent par ces murets de pierre orientés face au soleil……non pas quelques murets mais « trois cent cinquante kilomètres de murs, puisque pas un seul coin du village n’avait échappé à cette frénésie viticole. »
Ce chasselas doré était vendu et consommé sur des tables richement dotées…. La famille pouvait être fière de ses résultats …elle exportait jusqu’à 1000 tonnes de chasselas doré.
La ville est traversée par la Seine, Seine sur laquelle naviguent des bateaux, des bacs, permettant aux habitants de la franchir….Tout se passait bien sans doute, jusqu’au jour où un bateau, une navette permettant de passer d’une rive à l’autre, chavira à l’occasion d’une crue causant la mort de 18 personnes.
Naufrage qui est la source de ce roman mettant en scène une famille implantée dans deux villages de part et d’autre du fleuve….drame qui comme de nombreux drames fut la source de solutions de sécurité, importantes mais également de divisions au sein des familles.
Drame provincial !
Seule solution envisageable : il faut construire un pont permettant de relier sans risque les familles implantées de part et d’autre du fleuve…
D’autant plus qu’une usine s’installe en 1902…Puis vint la guerre de 14-18, guerre qui comme toutes les guerres sera source de projets, guerre qui remuera les foules et guerre qui apportera un progrès et des projets également notamment industriels
Les habitants quittent leur monde clos et s’ouvrent un peu plus au monde, à la mécanisation. Une usine se crée. Un pont permet dorénavant de traverser le fleuve sans risque…il y en aura d’autres
Georges Vernet, l’un des 2 fils travaille à l’usine…alors que Vincent, son frère est tué au front.
Ce n’est que le début d’une évolution de la vie familiale …amours, et évolutions bien différentes, surtout quand les femmes y mettent leur grand de sel…leur dose de fiel.
Ce n’est que le début de la chronique d’une famille confrontée à la mécanisation, à l’urbanisation …et aux autres guerres de ce XXème siècle.
Les murets ont été progressivement détruits au fil des ans paour faire place, ce n’est propre à cette ville à l’expansion urbaine…le chasselas y perdit des grains et pour rappeler l’Histoire de nouveaux murets ont été construits….quelques mètres carrés pour rappeler l’Histoire….
Là comme dans bien d’autres lieux…on détruit, le passé et ses traces et on construit des répliques sans âme pour rappeler le passé. un moyen comme un autre de regretter des décisions prises en haut lieu…on casse et on répare avec des projets sans âme.
Et là comme dans bien d’autres villes :
« La ville qui tournait entièrement autour de son usine serait sinistrée. Il faudrait trouver du travail ailleurs, mais les usines étaient loin d’ici et le crédit de la maison n’était pas encore remboursé. Les commerces fermeraient, le médecins partis à la retraite ne seraient pas remplacés . C’était un renversement que nul n’aurait imaginé il y a encore vingt ans. Que le sens de l’histoire puisse bifurquer à ce point, et même faire demi-tour, c’était stupéfiant, mais il fallait bien en convenir. »(P.189)
Les hommes, les élus ont construit des usines, ont abandonné tout ce qui faisait l’âme du lieu et plus tard d’autres générations d’élus, de décideurs ont tenté de rappeler ce passé! Sans âme ! Bien triste !
Vie d’une ville de province, Progrès et aberrations de notre époque ! Un titre qui pourrait décrire tant de situations vécues…
Mes cheveux gris me permettent de citer tant de situations comparables….Quand j’étais jeune je me souviens….!
Tristesse. Et je ne suis certainement pas le seul !
Editeur : Grasset – 203 pages – 2025
Lien vers la présentation de Pauline Dreyfus
Quelques lignes
« Le pont, comme le chemin de fer, c’était la circulation des hommes et des marchandises, c’était le progrès. » (P. 20)
« Il en fallait, des bras, pour s’occuper de trois cent cinquante kilomètres de murs, puisque pas un seul coin du village n’avait échappé à cette frénésie viticole. Ces bras, on les recrutait beaucoup de l’autre côté de la Seine, dans ce petit village de champagne où les gars ne discutaient ni les rudes rudes journées sous le soleil, ni les salaires parfois aléatoires, ni la rareté des jours de congés. » (P. 21)
« Car depuis la construction de l’usine, le pont semblait relier deux mondes aux antipodes, deux cœurs battant à des rythmes différents» (P. 25)
« Vous êtes esclaves du plus injuste des tyrans, ce climat qui peut ruiner en une nuit une année de travail ou vous apporter des maladies qui saccageront votre vigne. Votre prétendue liberté est en fait un mirage. » (P. 26)
« Le célibat n’est pas encouragé ; on chérit les familles et on le leur prouve en leur proposant des logements situés près du centre-ville. Considérant que l’épargne et la propriété sont indispensables à l’enracinement des populations ouvrières, les locations se transforment vite en achat. » (P. 31)
« Quand on y pense, la publicité mensongère, c’est bien pire que les champignons. » (P. 57)
« …les deux maladies redoutables que sont l’alcoolisme et le socialisme… » (P. 60)
« Ce que les trains et les bateaux offraient depuis longtemps, le transport aérien le décuplait. L’avion avait soudé les colonies à la métropole. » (P. 84) (les risques pour le chasselas)
« On se dira que la physionomie du village a bien changé. Que sur les vastes exploitations vendues en terrains à bâtir pour solder les dettes, on risque de démolir ces murs devenus inutiles. » (P. 97)
« Pourquoi voyager au bout du monde quand l’émotion peut nous cueillir au coin de la rue ? La France est un vaste musée mais elle ne sait pas encore. Chaque village, chaque quartier, chaque ruelle est un musée Grévin qui s’ignore. » (P. 145)
«Le gouvernement allait faire passer une nouvelle loi, prenant acte que le sentiment de l’urgence écologique était désormais partagé par le plus grand nombre. Le développement durable serait un cap à atteindre, voire une contrainte non négociable. » (P. 184)
« La ville qui tournait entièrement autour de son usine serait sinistrée. Il faudrait trouver du travail ailleurs, mais les usines étaient loin d’ici et le crédit de la maison n’était pas encore remboursé. Les commerces fermeraient, les médecins partis à la retraite ne seraient pas remplacés . C’était un renversement que nul n’aurait imaginé il y a encore vingt ans. Que le sens de l’histoire puisse bifurquer à ce point, et même faire demi-tour, c’était stupéfiant, mais il fallait bien en convenir.(P.189)













