
« Avez-vous cru que vous étiez d’héroïques guerriers, à prendre d’assaut les résidences des jeunes filles, et à terroriser leurs occupantes… » (P. 222)
Quel est le lecteur qui refuserait de se pencher sur le monde littéraire de ses premières années de vie…se réveiller un matin et s’interroger : quel est le roman qui me permettrait de connaître le monde de mes premières années ?
Oui, j’ai des interrogations qui subitement m’envahissent l’esprit…
Et ce fut : « Que s’est-il donc passé dans notre monde alors que bébé, je passais du biberon à la bouillie… ? » J’ai enfin trouvé une lecture, dérangeante sur cette période de mes premiers mois de vie.
Retour en arrière bénéfique afin de connaître et de tenter comprendre comment était notre monde au début des années 50. Un monde que nos yeux ont connu sans avoir cependant toutes les clés pour le comprendre…Surtout qu’il se déroule loin de nous, aux Etats-Unis.
A une époque ou j’étais gamin. Certes certains auteurs tels que Pagnol m’avaient donné un aperçu de notre monde, un aperçu familial et « cocorico » !. Souvent sans une grande profondeur, mais très agréables à lire.
Je souhaitais cependant un aperçu bien plus dérangeant, bien plus politique, bien moins familial….et que je connais imparfaitement sans aucun doute. !
Et j’ai trouvé non pas sur les rives de notre Méditerranée, mais de l’autre côté de l’Atlantique ce que je cherchais…
Sans doute parce qu’on entend souvent dire que les évènements qui se passent, à un moment donné de l’autre côté de l’Atlantique préfigurent ce qui se passera chez nous dans quelques mois ou dans quelques années. C’est en tout cas, ce qu’on me disait !
Markus Messner est un ado de 17 ans d’origine juive. …Juif de tradition, mais « athée convaincu » ….
Il vit dans le New Jersey
Son père est un boucher kasher…La tradition juive s’impose à tous. L’univers familial culturel est parfois pesant et a indubitablement façonné une partie de sa personnalité.
Markus, jeune homme sérieux de dix neuf ans, est étudiant dans le Winesburg College, dans le fin fond de l’Ohio. Il se détend en jouant au base-ball. Il est joueur titulaire dans l’équipe des premières années. Etudiant, il va intégrer le Winesburg College.
Nous ne pouvons pas oublier cet autre aspect culturel, cette Amérique conservatrice, pudibonde, traditionnaliste…aux traditions pesantes et conservatrices. Un déterminisme difficilement contournable, et cet amour du sport, du corps fort.
Et ceci alors que la guerre de Corée mobilise les GI….souvent âgés de quelques années de plus que ces ados.
Roman qui mêle à la fois mode de pensée d’une nation, d’une société, déterminisme familial, religieux et culturel, rigidité et volonté d’émancipation de la jeunesse, psychologie familiale, tabous, religion sans omettre l’Histoire avec un grand H
Le jeune homme ne souhaite pas être appelé pour combattre aux côtés des G I. Il fait tout alors pour poursuivre et réussir ses études en s’isolant et en s’imposant alors une règle de vie contraignante….une idée fixe : réussir ses études afin de ne pas être affecté en première ligne . Primordial….
Un roman pas toujours facile qui mêle judaïsme, tradition culturelle, univers familial pesant jeunesse… Et Histoire d’une Amérique à la fois pudibonde, rigide, hypocrite et Grande Histoire !
Lien vers la présentation de Philip Roth
Quelques lignes
- j’étais très doué pour me contenter de ce que j’avais » (P. 27)
- « Les passe-temps et festivités des quelque douze cents étudiants, se déroulaient derrière des portes cloutées, noires et massives, des fraternités et, en plein air, sur leurs vastes pelouses où, pratiquement par n’importe quel temps, on voyait toujours deux ou trois étudiants se lancer un ballon de foot. » (P. 33)
- « Je suis tenté de faire mes bagages et de vider les lieux à cause de l’obligation d’assister au culte.
- « Tu sais que la viande kasher doit être lavée tous les trois jours. Mon père prenait un balai de paille de riz et un seau d’eau, et il lavait toute la viande. Mais quelques fois il y avait une fête juive, et même si nous n’étions pas pratiquants nous-mêmes, nous étions des Juifs dans un quartier juif et, en outre, des bouchers kasher, alors ces jours-là la boucherie était fermée.» (P. 147)
- « Le travail : il y a des gens qui aspirent au travail, n’importe quel sorte de travail, si pénible ou répugnant qu’il soit, pour chasser l’âpreté de leur vie et bannir de leur esprit les pensées qui tuent. » (P. 171)
- « Les gens faibles ne sont pas inoffensifs . Leur faiblesse peut justement être leur force. » (P. 179-80)
- Les Messner, ce n’est pas simplement une famille de bouchers. C’est une famille d’hommes qui braillent et qui hurlent, qui se fâchent tout rouge et qui se tapent la tête contre les murs. » (P. 180)
- « Une pépinière de droiture morale, de patriotisme et de comportement personnel irréprochable, qualités qui sont requises de chacun des jeunes de ce pays si nous voulons gagner la grande bataillepour la suprématie morale engagée contre le régime impie du communisme soviétique. » (P. 218-9)
- « il était d’accord avec le doyen pour penser qu’il n’existait rien dans la vie de plus sérieux que les règles, mais son jugement réprobateur s’exprimait sans aucun déguisement ; malgré quelques envolées d’éloquence à l’occasion. » (P. 220)
- « Lejour où les négociateurs de la (P. 221)
- « Avez-vous cru que vous étiez d’héroïques guerriers, à prendre d’assaut les résidences des jeunes filles, et à terroriser leurs occupantes ; » (P. 222)
- « Dans la lutte pour occuper la colline abrupte cotée sur la crête escarpée de Corée centrale, les deux camps subirent des pertes si lourde que le combat se mua en un bain de sang fanatique, commme ç’avait été le cas pendant toute cette guerre. » (P. 230)










