« Le Teckel » – Hervé Bourhis

Le TeckelAprès plus de 300 morts, du fait du médicament anti-douleur Marshall1, les laboratoires Duprat doivent réagir et lancer la version Marshall 2. « Les rumeurs autour de la dangerosité du Marshall 1 commencent à être très menaçantes ».  Le président du groupe fait appel au fils d’un de ses amis, jeune arriviste qui accompagnera un vieux de la vieille : le Teckel.
Et voilà nos deux visiteurs médicaux qui vont aller présenter le nouveau médicament aux médecins…Tout les oppose, pantalons pattes d’eph, cravates aux dessins des années 70 et CX break, personnage « tout droit sorti de la série Derrick », pour l’un, beaux costumes, tablette, graphiques informatiques pour l’autre, homme à femmes pour le vétéran, homo pour l’autre..Un cite Rimbaud, et l’autre est fier de ses power-point. 

Et les voila partis tous deux, l’un surveillant l’autre à la demande de la direction
Voyage au pays des visiteurs médicaux, hâbleurs, buveurs, bringueurs, dragueurs, pas franchement bosseurs…deux beaufs en goguette vantant les mérites de leur médicament miracle testé sur des gamins amputés en Afrique.
Aucun n’est sincère, ils sont soit naïfs soit hâbleurs, menteurs…mais ils ne sont pas les seuls, tous les autres visiteurs croisés dans les hôtels sont aussi affublés de noms de chiens…Sur fonds de jalousie et de ressentiments sentimentaux, une peinture peu reluisante de cette profession, de ce milieu professionnel. Caricature ou réalité?
Mais aussi une peinture du monde médical, peu regardant quant à la qualité des médicaments proposés, un monde encore plus superficiel.
Je n’ai pas non plus été franchement séduit par la qualité du dessin et l’absence de couleurs…A moins que l’auteur n’ait voulu nous confirmer la grisaille de ce monde.
La peinture au vitriol décrite sur l’incipit de l’album aurait pu être plus acerbe, plus fouillée…(d’où cette semi-déception), afin de traiter plus en profondeur ce problème de société, de santé, de relation entre les médecins, les laboratoires et ….nous patients…patients qui prennent ce qu’on leur donne, ce qui a été « vendu » au médecin, médecin, personnage secondaire, qui se satisfait dans l’album d’arguments superficiels.
Un vrai problème.
Je ne suis pas un lecteur assidu de BD, ceci explique peut-être cela.

Je remercie sincèrement le « Prix Polar SNCF » qui m’a transmis cet album, dont une dizaine de dessins ne sont pas à mettre entre les mains d’enfants  


L’auteur : https://mesbelleslectures.com/2015/12/15/bourhis-herve/


Extraits

  • « Marshall 2 © a été testé par des professionnels de la santé durant deux années. Nous entrons dans la phase de pré commercialisation.   Marshall 2 © est le nouvel antidouleurs des laboratoires Duprat, deuxième groupe pharmaceutique européen » (P. 5)
  • « Les rumeurs autour de la dangerosité du Marshall 1 commencent à être très menaçantes » (P. 6)
  • « On l’appelle le Teckel. Ce type est une légende de la profession encore en activité, visiteur médical depuis 1723 »
  • « Il faut que tu prennes conscience que tes statistiques, ton langage marketing, to Power-point, c’est de la merde en barre » (P. 33)
  • « Il faut donner du rêve! Parler d’humain à humain! Prendre la main du client et s’envoler avec lui vers les cieux inexplorés de la persuasion. Faire l’amour avec ses doutes, ses appréhensions! et là, là!…renverser la vapeur ! la grand cocote-minute de la vie! subjuguer le toubib!
  • « Je voulais être avocat, j’ai fait du droit. Ça me répugne cette histoire d’antidouleur mortel, et c’est moi qui vend ce poison. Avec une belle cravate. » (P. 43)

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