« Les nuits de Reykjavik » – Arnaldur Indriðason

Erlendur jeune flic en uniforme, affecté aux patrouilles de nuit, au ramassage des ivrognes, aux constats d’accidents de la circulation et aux cambriolages est très affecté par la noyade d’un clochard qu’il connaissait…il l’avait souvent ramené en cellule, la nuit, pour qu’il dessoûle. Il a été retrouvé par des gamins dans d’anciennes tourbières peu profondes. Cette mort lui semble suspecte puisque quelques jours avant sa mort Hannibal le clochard lui avait confié que des inconnus avaient tenté d’incendier la cave dans laquelle il vivait….

Et cette noyade intervient presque en même temps que la disparition d’une jeune femme qui venait de passer une soirée un peu alcoolisée avec des collègues de travail.
Ses collègues de la criminelle ont enquêté, et on conclu à une noyade accidentelle d’un clochard imbibé d’alcool d’une part et à un accident suite à l’alcool bu au cours de la soirée par le jeune dame, voire à une fugue sentimentale.
Et si les 2 affaires étaient liées ?…. Le jeune flic, prenant sur son temps de sommeil, le jour, entre ses gardes, décide d’en savoir un peu plus. 
C’est le début d’une enquête obstinée dans les milieux sordides des sans-abris, de la drogue, de l’alcool à 70 ° bu par ces hommes et femmes sans espoir, sans avenir….
Première enquête du futur commissaire Erlendur, héros récurrent de Arnaldur Indriðason….première enquête d’un homme solitaire, faisant fi des règlements…il aurait du dès qu’il a trouvé des indices troublants prévenir ses collègues de la crim…Non, il préfère la solitude et toujours essayer d’en savoir plus avant de les informer
Devant le succès de la série des ouvrages écrits par Arnaldur Indriðason ayant pour héros le commissaire Erlendur, série commencée en Islande en 1997, l’auteur a sans doute choisi d’écrire la genèse de son héros en 2012.
Un héros à qui une des collègues de la criminelle dit à la fin de l’ouvrage : « Vous devriez passer nous voir à la Criminelle si vous avez envie d’un peu de changement, déclara Marion. J’ai parcouru les rapports que vous nous avez remis sur Hannibal et Odddny. J’ai pu constater que ça ne vous gênait pas d’enfreindre toutes les règles que nous nous imposons au sein de la police. » (P. 259)
Un ouvrage qui nous permet de remonter dans le temps, aux années 70, l’action se déroulant dans une Islande s’apprêtant à fêter le 1100 ème anniversaire de sa création (874)…une Islande faisant encore partie de l’Otan, une Islande qu’on a envie de mieux connaitre 

Un livre plaisant, un livre détente, bien construit.


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Extraits
  • « Son corps n’ayant jamais été retrouvé, on avait conclu que la mer l’avait avalée » (P. 37)
  • « Accidents, conduites en état d’ivresse, bagarres dans les discothèques, c’était la routine, tout autant que les moqueries et le manque de respect de certains passants » (P. 48)
  • « Certains disparus n’étaient retrouvés que des mois, des années voir des décennies plus tard, d’autres ne l’étaient jamais. Les paroles de Rebekka résonnaient dans la tête d’Erlandur : Hannibal a disparu de nos vies, disait-elle. Il comprenait parfaitement ce qu’elle voulait dire. Le destin de ce clochard lui enseignait que les disparitions pouvaient tout autant se produire dans les rues fréquentées de Reykjavik que dans des tempêtes déchaînées, sur des chemins de montagne périlleux, loin des terres habitées » (P. 58)
  • « Sentant le sommeil le gagner, il reposa son livre. Il pensait aux nuits de Reykjavik, si étrangement limpides, si étrangement claires, si étrangement sombres et glaciales. nuit après nuit, ils sillonnaient la ville à bord d’une voiture de police et voyaient ce qui était caché aux autres: ils voyaient ceux que la nuit agitait et attirait, ceux qu’elle blessait et terrifiait. Lui-même n’était pas un oiseau nocturne, il lui avait fallu du temps pour consentir à quitter le jour et à entrer dans la nuit, mais maintenant qu’il avait franchi cette frontière, il ne s’en trouvait pas plus mal. C’était plutôt la nuit que la ville lui plaisait. Quand, dans les rues enfin désertes et silencieuses, on n’entendait plus que le vent et le moteur de leur voiture. » (P. 59)
  • « Il clamait que l’incendie avait été allumé par quelqu’un d’autre, quelqu’un qui voulait le voir griller  » (P. 64)
  • « Sa gaieté naturelle a disparu. Comme tant d’autres choses qui ont disparu de la vie d’Hannibal après la mort d’Hélena. Il était méconnaissable. Il parlait le moins possible de l’accident et ne mentionnait jamais sa femme. Il s’est mis à boire énormément, à changer constamment de travail, il est parti en province pendant un temps, et au cours des dix années qui ont suivi, il est devenu le clochard que vous avez connu. Nous avons tout fait pour l’aider, mais ça n’a servi à rien. Quand on réussissait à le faire parler de l’accident, il se faisait des tas de reproches et exprimait toute la haine et la colère qui’il ressentait envers lui-même. Tout ce qu’on faisait pour l’aider lui paraissait une insupportable intrusion dans son existence » (P. 120)
  • « C’est pour ça que tu ne peux pas me foutre la paix ?! [ ] Je n’ai pas besoin de ta pitié ! Je n’ai pas envie que tu t’apitoies sur mon sort ! Je m’en fous ! Tu peux bien aller au diable avec tous ceux de ton espèce ! Je ne veux ni ta pitié ni de celle de personne ! N’oublie pas ça ! Personne ! Tu m’entends ! Personne ! » (P. 150)
  • « – Peu importe qu’on meure ou qu’on vive [ ]
    – Pardon ?
    – Je mettrais sans doute fin à tout ça si je n’étais pas aussi lâche, chuchota Hannibal
    – Mettre fin à quoi ? S’enquit Erlendur
    – A cette détresse, murmura Hannibal qui continuait de fixer le mur. Toute cette foutue détresse » (P. 155)

    « Il m’a parlé de sa détresse et m’a dit que ça ne changeait rien qu’on vive ou qu’on meure. Je me suis demandé ce qui pouvait conduire quelqu’un à tenir de tels propos. » (P. 122)

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