
Rapidement, il est considéré comme un contre-révolutionnaire, il fait en effet sortir illégalement ses écrits de Cuba, afin d’éviter la censure, pour les publier à Paris. Il fréquente, et rencontre du fait de son poste au sein de la Bibliothèque Nationale, les auteurs hostiles au régime, il est témoin des pressions, des menaces, des enfermements dont ils sont victimes. Un témoignage sur la littérature cubaine contemporaine.
Lui aussi est finalement emprisonné dans les geôles inhumaines et sordides du régime. Il devient ami avec beaucoup de prisonniers, il écrit leurs lettres.
Homosexuel, il accumule les expériences, nous les conte par le détail…. ce qui devient à certains moments assez lassant et répétitif. Était-ce pour Reinaldo Arenas une fuite en avant, dune forme d’opposition au régime… Je m’interroge.
Du fait de son homosexualité il est écarté et cherche en vain à fuir en passant pas l’enclave américaine de Guantanamo. Bien que recherché par le régime, il réussit enfin à s’exiler grâce à un faux passeport et à quitter Cuba pour les États Unis, où finalement il pleure Cuba et malgré tout ne connaitra pas le bonheur : « Je m’aperçois que pour un expatrié il n’y a aucun endroit où l’on puisse vivre; il n’existe aucun endroit, car celui où nous avons rêvé, où nous avons découvert un paysage, lu notre premier livre, eu notre première aventure amoureuse, demeure l’endroit rêvé; en exil, on est plus qu’un fantôme, l’ombre de quelqu’un qui ne peut atteindre sa propre réalité; je n’existe pas depuis que je suis en exil; depuis lors, j’ai commencé à fuir de moi-même….. L’exilé ressemble à la personne qui a perdu son amant, et cherche sur chaque nouveau visage le visage de l’être aimé, puis, ne cessant de se mentir à lui-même, croit l’avoir trouvé »
A-t’il volontairement « forcé certains traits » et exagéré certains points pour accentuer la noirceur du régime, la misère des cubains, sa détresse?
Je n’avais pas encore eu l’occasion de lire un livre-témoignage sur le régime castriste, à l’exception des articles des hebdomadaires et quoiqu’il en soit, j’ai été passionné par ce livre fort qui ne peut laisser indifférent et par cet auteur, dont je lirai d’autres œuvres.
Le livre commence par le chapitre de fin dans laquelle l’auteur nous annonce sa fin proche, du fait du sida qu’on ne sait pas encore soigner en 1990…. Il finit par sa lettre d’adieu…Il s’est suicidé à 47 ans.
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Extraits
« Les femmes et les homosexuels étaient considérés par le régime castriste comme un être inférieur. Les machos eux pouvaient avoir plusieurs femmes, c’était considéré comme un signe de virilité »(P. 228) « Ainsi s’écoulait ma vie au début de l’année 1980. Entouré d’espions, je voyais s’enfuir ma jeunesse sans avoir jamais pu être une personne libre. Mon enfance et mon adolescence s’étaient déroulés sous la dictature de Batista, et le reste de ma vie sous la dictature encore plus implacable de Fidel Castro; je n’avais jamais été un véritable être humain au sens plein du terme » (P.383) « La différence entre le système communiste et le système capitaliste? Tous les deux nous donnent des coups de pieds au cul, mais dans le système communiste tu dois applaudir, tandis que dans le système capitaliste tu peux gueuler » (P.400) « Certes, dix ans après, je m’aperçois que pour un expatrié il n’y a aucun endroit où l’on puisse vivre ; il n’existe aucun endroit car celui où nous avons rêvé, où nous avons découvert un paysage, lu notre premier livre, eu notre première aventure amoureuse, demeure l’endroit rêvé; en exil, on n’est plus qu’un fantôme, l’ombre de quelqu’un qui ne peut jamais atteindre sa propre réalité ; je n’existe pas depuis que je suis en exil ; depuis lors, j’ai commencé à fuir de moi-même. (P.406) « L’exilé ressemble à la personne qui a perdu son amant, et cherche sur chaque nouveau visage le visage de l’être aimé, puis, ne cessant de se mentir à lui-même, croit l’avoir trouvé » (P.408) « Borges est l’un des écrivains latino-américains des plus importants du siècle; le plus important peut-être; néanmoins le Prix Nobel fut attribué à Gabriel Garcia Marques, pasticheur de Faulkner, ami personnel de Castro et opportuniste-né. Son œuvre en dépit de certains mérites, est imprégnée d’un populisme de pacotille qui n’est pas à la hauteur des grands écrivains qui sont morts dans l’oubli ou qui ont été mis à l’écart » (P.419)