
C’est avec plaisir que j’ai reçu le livre d’Agnés Karinthi, que j’ai accepté de lire et de commenter….sans complaisance
Découverte d’abord d’un texte sur tablette…pour un vieil adepte du livre papier, ce ne fut pas aussi difficile que je le pensais. Premier point positif
J’avoue que les portraits féminins ..ou masculins ne me passionnent pas outre mesure…je suis plus habitué, mon blog le confirmera, aux ouvrages qui me font voyager, qui me font découvrir des faits de l’histoire récente…Mais il ne faut pas rester sur des idées arrêtées, et ne pas accepter des challenges. Alors je suis entré dans ce livre avec d’une part le désir de respecter mon engagement et d’autre part une peur d’en sortir avant la fin.. et bien non je l’ai fini sans avoir envie de le poser! Deuxième point positif
En « bon » mari depuis plus de 40 ans je me suis souvent reconnu, moi aussi, j’adore l’informatique, mais le matin très tôt; moi aussi « j’ai eu droit à la gueule » plus d’une fois, mais je n’ai pas reconnu notre couple dans celui de Véro. Les soupes à la grimace étaient plus nombreuses, et je regrette que Véro semble fuir, semble assez passive…..Je regrette qu’on n’assiste pas à ces coups de gueule, à ces scènes…Après l’épisode Juan, je m’attendais à une crise..et non ! L’auteur passe trop vite sur ces disputes qui immanquablement surgissent dans ce type de situation, scènes qui permettent après au couple de regarder chacun sur son canapé, en silence dans la même direction …..la télé…..avant de se retrouver quelques heures voire quelques jours après…Ah la télé instrument pour calmer les tensions, Ah les silences après les crises !! Ces crises, le malaise de Véro…m’ont manqué.
Je n’ai pas non plus trouvé d’hostilité véhémente à l’égard d’Odile la SDF, hostilité qu’on attend d’un nombre significatif d’habitants dans ce type d’immeuble bourgeois, quand une SDF vit dans le hall d’entrée, hostilité qu’aurait pu combattre Véro.
Ces points de réalisme m’ont manqué, j’aurais aimé plus de confrontations dans certaines situations……sans doute mon identité masculine
Mais j’ai aussi souri, j’ai aussi été attendri et interpellé….j’ai été souvent le Damien du livre….mon identité masculine
C’était le premier livre d’Agnès Karinthi, une auteure qui mérite d’être lue. Son style est agréable et vivant…….On prend toujours du plaisir en allant au delà de son horizon habituel
Extraits
« L’appartement me plaisait beaucoup. L’immeuble, de petite taille, promettait un voisinage cordial. Le quartier, vivant, annonçait insouciance et facilités. J’imaginais déjà les enfants, d’ici quelques années, circulant comme chez eux, ouverts, tolérants, gais comme des pinsons. Saint-Sébastien faisait partie de notre passé, dorénavant. À nous la grande ville et le faste qui allait l’accompagner. » « Dans la journée, je n’ai personne à qui parler. Le soir après le dîner, tu sautes sur l’ordinateur et je n’ai toujours personne à qui parler. Le week-end, nous ne sortons pas ou très peu. Les enfants jouent entre eux, tu es toujours sur l’ordinateur ou tu lis et moi je suis encore toute seule. Ça ne peut plus durer. » « Je voulais de l’animation, du bruit, du mouvement. Mais nous étions seuls. Nous ne connaissions personne. Lorsque nous sortions à pied, nous ne pouvions pas saluer âme qui vive » « Dans les semaines à venir, j’allais entrer en contact avec chacun de nos voisins. J’allais monter un dossier sur chaque habitant, noter un maximum d’informations» « Mes états d’âme l’intéressaient peu. Il refusait de me comprendre. Je n’étais pas stupide au point de vouloir lui faire épouser coûte que coûte mes idées. » « Si Damien, l’homme le plus casanier de la terre, se mettait à emmener les enfants au stade, quel espace resterait-il pour nos sorties collectives ? J’avais déjà du mal à lutter contre les divers écrans de la maison. S’ils ajoutaient à cette addiction celle des matches à la télé, je n’avais plus aucun espoir de les faire adhérer à mes propres centres d’intérêt. Je serais à jamais l’intruse au sein de ma famille. Le vilain petit canard. » « C’est vrai qu’il s’occupait de tout le matin et moi de rien. »- rien savoir sur eux m’est paru d’un coup ridicule. Rien que des Bonjour et des Bonne journée dans le hall de l’immeuble, ça rime à quoi ? Je voulais lier connaissance, développer nos relations, pourquoi pas tisser des liens d’amitié. Tout est parti de là. »
- « J’en peux plus de tes silences ! J’en ai marre de tout faire dans cette baraque ! T’es jamais là. Regarde, les gamins, ils te réclament même plus, sauf pour faire de l’ordi. C’est moi qui fais tout. J’en ai ras-le-bol. Débrouille-toi tout seul pour le repas, moi j’m’en tape. »
- « Ça, vous pouvez le dire. Notre quotidien n’est pas simple, vous savez. Il travaille trop, je ne le vois pas beaucoup. J’ai mon propre travail, même s’il n’est pas folichon. Je rentre, les enfants demandent beaucoup. J’essaie d’avoir ma petite vie à moi. Nous voulons découvrir la ville, connaître nos voisins… vous connaître, quoi. C’est moi qui gère tout. Les repas, les devoirs, les relations sociales… Il n’a pas le temps. Quand il rentre, il est fatigué. Pour se ressourcer, il lit ou il joue à l’ordinateur. Il me laisse tout faire. Ça l’arrange sûrement quelque part. Il suit et il ne dit rien. Puis des fois, il s’exprime à haute voix et… et vous voyez le résultat. Ça fait mal »
- « Tu deviendrais femme au foyer et tu t’occuperais de nos enfants. Tu me ferais la popote. Tu t’userais le dos à force de courses à faire, les mains à force de vaisselle à laver, mais tu m’attendrais tous les soirs, fringante, maquillée et parfumée. Je rentrerais fatigué du travail, je mettrais les pieds sous la table et je lirais le journal pendant que tu coucherais les enfants. Lorsqu’ils seraient couchés, nous mangerions puis tu viendrais t’asseoir à mes pieds. Je te féliciterais pour le repas, je te ferais une remarque ou deux sur ta tenue vestimentaire. Pas trop tout de même, pour que ça ne te monte pas à la tête. Je te raconterais quelques événements bien choisis de ma journée et tu devrais t’en satisfaire. Je t’appellerais Moumoune et tu me respecterais. »
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