« Une question d’orgueil » – Pierre Assouline

Une question d'orgueilGeorges Pâques,  fut l’un des plus importants espions français ayant transmis des informations à l’URSS de 1946 à 1962. Il fut jugé, certaines journées de son procès se déroulèrent à huis clos du fait de l’importance de certains documents confidentiels, et condamné.
Il ne retrouva la liberté qu’après 7 ans de prison.  Quelles furent les motivations de cet homme qui transmis des documents sur la défense de la France et de l’OTAN en pleine guerre froide, alors que la menace d’un conflit nucléaire entre le USA et l’URSS était permanente.
Dans ce livre très documenté, Pierre Assouline nous décrit l’orgueil de cet homme américanophobe, agrégé, normalien, « Cœur à gauche, intelligence à droite « , qui le poussa à transmettre ces informations. Ses juges aussi notèrent son orgueil : il voulait éviter à tout prix la guerre atomique entre les 2 grands…et il était persuadé que son action a été déterminante
Pierre Assouline fit un travail d’enquête, tant en France qu’en Russie, après la chute de l’URSS auprès des anciens collègues de Georges Pâques, de ses contacts russes encore vivants, de la documentation de son procès.
Un livre qui se lit comme un polar, un livre que Pierre Assouline dut écrire avec plaisir. Il nous dit son plaisir d’enquêteur : « L’enquête a partie liée avec l’orgasme : une lente montée du désir, la paroxysme d’une jouissance, la plénitude ».
Également une réflexion sur le travail de l’écrivain, sur ses interrogations, son intuition et sa capacité à fabriquer des fiction à partir d’une réalité qu’il adapte : « Un rien sépare l’espion du romancier. Écouter, observer, épier. »
Un bon moment de lecture, des rappels historiques qui m’ont ramené à mon adolescence


Quelques informations sur Pierre Assouline


Quelques extraits
  • « Je préfère que dans l’autre monde, on m’accuse d’avoir aimé sans raison plutôt que d’avoir haï sans raison ». 
  • « Un archipel de solitudes peuple l’âme de tout espion. Encore que cette qualité accorde une certaine noblesse à celui qu’elle désigne ; nous sommes tous plus ou moins sensible à un certain romantisme de l’espionnage. « Taupe » animalise la fonction sans la bestialiser pour autant ; le rapprochement avec le petit mammifère qui s’ébroue dans les galeries souterraines en est presque charmant ; on en oublierait qu’il est dépourvu d’oreilles apparentes, et qu’il n’y voit rien, ce qui n’est guère indiqué pour un agent de renseignements. « Agent double » sonne déjà moins fièrement qu’ « espion », car une double loyauté implique nécessairement une trahison. « Traître » est insupportable : c’est une tache, une insulte, un fardeau. Les circonstances n’y font rien, on ne s’en remet pas. Impossible qu’un tel homme n’ait pas ruminé cela pendant près de vingt ans. « Haute trahison » ? Cela anoblit. Sauf qu’il n’y en a pas de basse ».
  • « Il comprit alors ce paradoxe en fonction duquel les gens détestent,méprisent , haïssent un traître à proportion de leur fascination pour la trahison »
  • « C’est sur les prières exaucées qu’on verse le plus de larmes ». 
  • « Une trahison est une infidélité qui nous révèle à nous mêmes »
  • « Le roman d’espionnage selon mon goût n’existe pas. C’est un microcosme du monde : il englobe tous les mobiles. On peut espionner par amour, haine, cupidité, idéologie, ressentiment, patriotisme, déception, plaisir, parce que le quotidien est ennuyeux, ou parce qu’on se sent supérieur. Mais dans tous les cas, c’est de la vie qu’il s’agit. La vie et rien d’autre. Le monde du Renseignement n’est qu’un décor particulier pour la mise en scène de sentiments et de pulsions qui se trouvent déjà dans la Bible et dans Shakespeare ». »Un archipel de solitudes peuple l’âme de tout espion. Encore que cette qualité accorde une certaine noblesse à celui qu’elle désigne ; nous sommes tous plus ou moins sensible à un certain romantisme de l’espionnage. « Taupe » animalise la fonction sans la bestialiser pour autant ; le rapprochement avec le petit mammifère qui s’ébroue dans les galeries souterraines en est presque charmant ; on en oublierait qu’il est dépourvu d’oreilles apparentes, et qu’il n’y voit rien, ce qui n’est guère indiqué pour un agent de renseignements. « Agent double » sonne déjà moins fièrement qu’ « espion », car une double loyauté implique nécessairement une trahison. « Traître » est insupportable : c’est une tache, une insulte, un fardeau. Les circonstances n’y font rien, on ne s’en remet pas. Impossible qu’un tel homme n’ait pas ruminé cela pendant près de vingt ans. « Haute trahison » ? Cela anoblit. Sauf qu’il n’y en a pas de basse ».

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