« Pourquoi j’ai mangé mon père » – Roy Lewis

pourquoi-jai-mange-mon-pereUn petit bijou d’humour
 
Un livre décalé : imaginer des hommes préhistoriques discutant avec notre langage, s’appelant par leur prénom, certains progressistes et inventeurs alors que d’autres refusent le progrès, draguant les filles, inventant les manteaux en fourrure, le feu, tout ceci avec des préoccupations comme les nôtres…tel a été le talent de l’auteur Roy Lewis
 
Nous suivons une famille habitant en Afrique, dont les membres ne sont plus tout à fait des singes mais pas encore des hommes. Le père, Édouard, « le plus grand pithécanthrope du Pléistocène » est un progressiste, « convaincu que la nature est avec l’espèce qui possède sur les autres une avance technologique » est l’époux de Mathilde qui invente, quant à elle, la cuisine grâce au feu que son mari a découvert. Plusieurs enfants, Ernest, le narrateur toujours un peu affolé par les inventions de son père, le progrès l’inquiète, il veut « tempérer le progrès par une sage prudence », a pour épouse Griselda qu’il a « dragué » (un grand moment !!…) pour « croiser les gènes », à la demande de son père, dans une autre tribu, et 4 frères Alexandre, Tobie, Oswald et William
Bien sur il ne faut pas oublier l’oncle Vania, hostile à tout progrès, sa devise est « Retour aux arbres ».

Un roman -clin d’œil- une fable faite de symboles allégoriques : la discussion du clan, apeuré par la puissance du feu, préfigure nos réflexions sur la puissance de l’atome.
 
Un roman plaisir  et instructif.  Ces choses si évidentes pour nous, comment sont elles arrivées, le feu, l’arc, le silex ? Quelle a été la réaction des hommes préhistoriques quand l’un des leurs a commencé à dessiner sur les murs ? Comment sont ils passés d’une nourriture herbivore à une nourriture omnivore? Comment sont-ils passés de relations incestueuses au sein du clan à des relations hors clan?
 
Un roman qu’on pense lire « sans se prendre la tête »,  mais qui, au final, nous interroge sur notre évolution, passée et future.
 

Théodore Monod, scientifique  naturaliste et  explorateur, a présenté ce livre comme : « le livre le plus drôle de toutes ces années, mais aussi l’ouvrage le plus documenté sur l’homme à ses origines »


Quelques extraits
  • « Notre grand-père, disait-il, se serait retourné dans sa tombe, laquelle se trouve à l’intérieur d’un crocodile » 
  • « Nous étions arboricoles et nous voici des animaux de plaine; végétariens et nous voici carnivores, sans avoir ni les jambes ni les bras, sans avoir ni les dents ni les jambes pour cela. Mais justement je crois que notre force viendra de ce que nous ne sommes pas des spécialistes. Faudrait il nous remettre  à quatre pattes et nous faire pousser des canines? Ce serait rétrograde. Les lions et les loups savent chasser. Mais quoi d’autre ? Rien du tout. » 
  • « Sans un minimum de loisir, pas de travail créateur, par conséquent pas de culture ni de civilisation » 
  • « Père était aux anges de lui faire visiter son domaine, avec toutes ses améliorations, à commencer, bien sûr, par le feu.
    – Ils l’ont en Chine aussi, dit Oncle Vania
    – Quoi ! s’exclama père. J’ai du mal à le croire !
    – Si si, ils l’ont, répéta Oncle Ian. Ils sont toujours les premiers pour tout. « 
  •  » Édouard, je lis en toi comme dans… dans un… eh bien, je sais exactement ce que tu as dans le crâne. « 

Une réflexion sur “« Pourquoi j’ai mangé mon père » – Roy Lewis

  1. J’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai trouvé vraiment drôle (c’est assez rare) et intelligent : il nous interroge sur l’évolution, notre position fac au progrès etc. J’ai adoré le passage de la « chasse à la femme », très amusant. Les personnages sont bien croqués, c’est un très bon roman pour moi aussi !

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