
« Eux », ce sont les réfugiés, des hommes, des femmes, des enfants dans la détresse, fuyant la mort, la torture, les exécutions, les conflits, se noyant pas centaines dans cette Méditerranée…Mare Nostrum disaient les romains… la mer de ceux qui habitent autour, pas uniquement, celle de nous les Européens
« Ils n’ont qu’à rester chez-eux », « non à l’invasion »….Un refus presque généralisé.
Et pourtant, ils sont combien…un million…c’est quoi un million rapporté aux soixante-six millions de français, aux plus de cinq cents millions d’européens…les médias nous parlent d’EXODE, de DÉFERLEMENT, d’INVASION
Daniel Pennac nous rappelle tout ceci dans un magnifique texte de quelques pages. C’est bien dommage que les médias ne le reprennent pas, ou au minimum ne s’en inspirent pas.
Dans une deuxième partie du livre, le mot RÉFUGIÉ est décliné lettre par lettre R comme réfugié, E comme Étranger, F comme frontière…etc, chaque fois afin de nous rappeler le droit, les apports des étrangers à l’économie, les guerres, les conditions deleur départ..
Après tout, nous connaissons tous, nous avons peut-être dans notre famille, des descendants d’espagnols, de polonais, de russes, d’italiens…etc…Quand leurs parents sont arrivés, ils ont entendu les mêmes remarques, rencontré les mêmes rejets…et aujourd’hui ils font partie de la France, et plus personne ne fait attention à leur nom qui n’est pas auvergnat ni breton.
Ils furent « Eux » quand ils arrivèrent ils sont « Nous » aujourd’hui.
Jetez votre regard sur le dessin de Serge Bloch en couverture…le regard de cet homme ou de cet enfant nous en dit tant!
Quarante éditeurs se sont regroupés pour éditer ce petit livre, dont les bénéfices iront à la Cimade
Éditeur : Gallimard Jeunesse – 2015 – 32 pages
Quelques mots sur Daniel Pennac et Serge Bloch
Quelques lignes
« Ce sont de ces gens-là que nous devons parler, n’est-ce pas? De ces gens dont nous pourrions faire partie, qui pourraient être moi, toi, vous.Nous.Mais qui sont eux. » (P. 5)
« Ils parlent d’EXODEIls parlent de MASSEIls parlent de HORDESIls parlent de DÉFERLEMENTIls parlent de MULTITUDEIls parlent d’INVASION. » (P. 16)
- « Et, petit à petit, c’est comme si chacun de nous se sentait seul et menacé par cette «marée humaine» qui n’a plus rien d’humain. Tout à coup, c’est comme si ces gens qui ne sont plus des gens, qui sont eux et pas nous, étaient beaucoup plus nombreux que nous, la minorité menacée. Et nous voilà tentés de nous refermer sur notre peur, sur notre refus d’aider, sur notre silence. » (P. 8)