« Hiver arctique » – Arnaldur Indriðason

hiver arctiqueElias, gamin d’origine thaïlandaise est retrouvé mort, un soir d’hiver. Il faut très vite relever les indices, avant que la neige ne recouvre tout. La scène se passe en Islande…
Est-ce un meurtre sur fond d’immigration ?
La question se pose au commissaire Erlendur, personnage récurrent dans les ouvrages d’Arnaldur Indriðason…un meurtre qui rappelle de bien mauvais souvenirs à notre commissaire, dont le petit frère disparut un semblable soir d’hiver. Son corps ne fut jamais retrouvé.

Est-ce un  crime raciste ? Un enseignant a manifesté sa forte hostilité à l’égard de l’installation d’étrangers en Islande et il n’est pas le seul. Beaucoup d’Islandais attachés à leur culture et à leurs racines voient d’un très mauvais œil cette arrivée d’étrangers, d’une culture, d’une couleur de peau très éloignées des leurs…un problème  de plus en plus universel. Ce peuple farouchement attaché à ses valeurs et à son identité a, depuis bien longtemps, tout fait pour résister aux envahisseurs. La menace de l’immigration est forte et mobilise de nombreux opposants.
Une autre piste est évoquée, celle d’un violeur d’enfants habitant également dans le quartier. Et pourquoi pas une piste familiale ? Les parents du gosse sont divorcés et son demi-frère a disparu
Pas facile non plus d’enquêter, au sein d’une population immigrée maîtrisant très peu cette langue si difficile qu’est l’Islandais.
Comment recueillir sereinement des informations au sein d’un établissement scolaire quand Sigurdur Oli, adjoint du commissaire, se trouve confronté à d’anciens profs qui ont gardé un mauvais souvenir de lui et de ses frasques?
Chacun des personnages traîne derrière lui un passé, ou des problèmes personnels ou familiaux que la mort du gamin et l’enquête font remonter à la surface.
Un roman tordu, alambiqué à souhait réservant son lot de surprises, et assurant un dépaysement vers cette Islande, qu’Indriðason chérit et dépeint avec amour, tout en abordant les problématiques dorénavant universelles d’immigration, de violence, de métissage, de stérilité, d’adoption, de pédophilie…
Editions Métailié – Traduction Eric Boury – 2009 – Première parution : 2005 – 334 pages

Quelques mots sur Arnaldur Indriðason


Quelques lignes

  • « Sa théorie était que les Islandais ne s’inquiétaient que peu des disparitions, considérant la plupart du temps qu’elles s’expliquaient de façon « normale » dans un pays où le taux de suicide était plutôt élevé. Erlendur allait plus loin en reliant dans une certaine mesure cette absence de préoccupation aux connaissances qu’avait acquises le peuple islandais sur les conditions climatiques de son pays : cet enfer météorologique impitoyable où les gens se perdaient, mouraient dans la nature et s’évanouissaient, comme si la terre les avait engloutis. Nul ne connaissait mieux qu’Erlendur les histoires de gens qui s’étaient égarés en pleine nature. Il avait pour thèse qu’à la faveur de l’indifférence des Islandais face au phénomène, c’était un jeu d’enfant de commettre un crime. Au cours de réunions avec Elinborg, Sigurdur Oli et d’autres policiers de la Criminelle, il avait tenté de couler la disparition de cette femme dans le moule de sa théorie, mais ses collaborateurs étaient restés sourds à ses arguments. » (P. 90)
  • « Faut-il s’étonner que tout ici foute le camp ? Pourquoi les récidivistes sont invariablement condamnés à des peines ridicules ? Qu’est-ce qui fait donc que notre société se met à plat ventre devant les criminels ? » (P. 101)
  • « Nous sommes d’accord pour que les étrangers viennent chez nous se coltiner le sale boulot sur les chantiers des barrages et dans les usines de poisson ; ça ne nous gêne pas qu’ils fassent le ménage pendant qu’on a besoin d’eux pourvu qu’ensuite, ils repartent ! s’enflamma Elinborg. Merci bien de votre aide et surtout, ne revenez pas ! Que Dieu nous garde de nous mélanger avec ces gens-là et puisqu’ils tiennent tant que ça à vivre ici, qu’ils se tiennent donc à l’écart. Exactement comme les Amerloques de la base de Keflavik qu’on a toujours soigneusement enfermés derrière une clôture. D’ailleurs, l’interdiction de faire venir des militaires noirs sur cette base n’a-t-elle pas pendant longtemps été stipulée dans les accords entre l’Islande et les USA ? Je crois bien que l’idée que les étrangers devraient vivre séparés de nous par des grilles est encore largement répandue. » (P. 176)

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