« Le Petit Chose » – Alphonse Daudet

On a parfois l’impression de connaître un livre….

….un livre dont on nous a parlé depuis l’enfance, un livre qui vient rapidement à l’esprit quand on évoque le nom de son auteur Alphonse Daudet

Un livre qu’on pense connaître….. sans pour autant l’avoir lu ! 

Nos instituteurs nous en ont parlé, sans toujours nous le faire lire…et pourtant quelle merveille!

Oui, j’ai honte, je ne l’avais pas lu et l’ai trouvé en furetant au rayon « Littérature classique » de la Médiathèque où je m’approvisionne.

Daniel Eyssette, est un enfant de famille modeste voire pauvre. À l’école il est le seul gamin de la classe portant une blouse. La famille était autrefois aisée, le père dirigeait une entreprise….mais les temps ont changé : il dut fermer cette entreprise à la suite de la révolution de 1848.

Toute la famille quitta donc son Midi natal pour rejoindre Lyon, en remontant le Rhône dans un bateau mû par une roue à aube. Là-haut le gamin fut ignoré ou moqué par ses petits camarades…et lorsqu’il fut surveillant il devint « Le petit chose »parce qu’il était de petite taille …un de ces êtres affublés d’un surnom et dont le prénom fut à jamais oublié.

Pour tous il était à jamais ‘Le petit Chose »….Ce surnom, comme tous les surnoms collés avec méchanceté, affectera à jamais sa personnalité et donc son comportement.

Notre gamin deviendra un être faible, pleurnichard parce que les élèves de la classe des moyens le prennent en grippe, éprouvant toujours des difficultés pour se faire respecter, et tenté par des basses vengeances, y compris bien plus tard dans sa vie. 

Souvent ridiculisé il fut même tenté par le suicide…mais il y a un pas de la tentation au geste…

Il est devenu un sale bonhomme, pleurnichard, se lamentant de tout, incapable de réagir….ses malheurs viennent des autres, il en est persuadé.

Pourtant un prêtre l’avait mis en garde :« tâche d’être un homme……j’ai bien peur que tu sois un enfant toute ta vie »… mais il ne l’a jamais entendu ! Devenu adulte, il aura de la peine à vivre de ses écrits, heureusement son frère était là pour le soutenir…et régler ses dettes. Mais le destin veille à tout….le destin, plus qu’un changement voulu de comportement….mais je ne vous dis pas tout.

Il y a sans doute une part d’autobiographie dans ce roman. En tout cas, Alphonse Daudet a indubitablement la  capacité de nous faire vivre une époque à jamais révolue.

Les plus anciens ayant eu à vivre dans une école privée gérée par les frères des écoles chrétiennes dans les années 50 retrouveront quelques traits sans aucune nostalgie…

Puis tout s’est très vite accéléré, le monde a très rapidement évolué…Heureusement.

Le livre, au delà des descriptions fouillées du comportement et de la personnalité du Petit Chose et des autres personnages, nous en apprend beaucoup sur ce système scolaire, sur cette vie et sur les mœurs de cette société, il y a une centaine d’années.

Éditeur : Folio Classique – 1977 – Parution initiale en 1868 – 343 pages


Lien vers la présentation d’Alphonse Daudet


Quelques lignes

  • « Quant à moi, j’avais compris que lorsqu’on est boursier, qu’on porte une blouse, qu’on s’appelle « le petit Chose », il faut travailler deux fois plus que les autres pour être leur égal, et ma foi ! le petit Chose se mit à travailler de tout son courage. » (P. 39)
  • « C’est toujours la même chanson, des larmes et de la misère ! les affaires qui ne vont pas, des loyers en retard, des créanciers qui font des scènes, les diamants de la mère vendus, l’argenterie au mont-de-piété, les draps de lit qui ont des trous, les pantalons qui ont des pièces, des privations de toutes sortes, des humiliations de tous les jours, l’éternel «comment ferons-nous demain ? », le coup de sonnette insolent des huissiers, le concierge qui sourit quand on passe, et puis les emprunts, et puis les prêts, et puis…
  • « Je trouvai là une cinquantaine de méchants drôles, montagnards joufflus de douze à quatorze ans, fils de métayers enrichis, que leurs parents envoyaient au collège pour en faire de petits bourgeois, à raison de cent vingt francs par trimestre. » (P. 85)
  • « Le fait est qu’avec ses cheveux trop longs, son pantalon trop court, ses caoutchoucs, ses bas bleus, son bouquet départemental et cette solennité de démarche particulière à tous les êtres trop petits, le petit Chose devait être tout à fait comique. » (P. 179)
  • « Moi, ces bonnes gens ont trouvé que ma tête avait du caractère mais que ma poésie n’en avait pas du tout. Ils m’ont joliment encouragé, va ! » (P. 270)
  • « Après tout, parce qu’on est mauvais poète, ce n’est pas une raison pour être bon comédien. » (P. 288) 

Une réflexion sur “« Le Petit Chose » – Alphonse Daudet

  1. Tout à fait raison ! Les lettres de mon moulin, oui ! Le petit chose non ! Seulement, malgré ta chronique toujours si bien écrite, je ne suis pas sûre que le schéma enfant harcelé , adulte pleurnichard ne m’énerve pas un peu 😉 même si cela devrait changer en cours d’histoire.

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