« Bled » – Tierno Monénembo

Elle court avec un bébé dans les bras…

Elle court parce qu’elle a fauté…mais elle ne va pas courir longtemps, car Mounir, le proxénète va lui trouver une occupation après l’avoir enfermée dans une chambre sordide.

Elle, c’est Zoubida Mesbahi.

Depuis, elle est là, avec d’autres filles dans une prison, un lupanar, un harem…tout ça à la fois, pour leur apprendre à vivre… les coups et les viols pour la mater!

Et puis il y a ce bébé.

La seule issue qui s’offre à elle c’est le crime…un crime qui l’entraîne dans une autre prison…dans laquelle tous les hommes ne sont pas des salauds. Pour une perpétuité dont on s’évade par l’esprit grâce aux livres apportés par Arsane, le visiteur de prison.

Un visiteur qui prendra de plus en plus d’importance dans la vie de Zoubida.  

Et puis, il y a ces souvenirs d’enfance…et ces autres personnages tous plus ou moins hors des clous, ces barbus de sinistre mémoire, Salma, la fille venant de Bourgoin-Jallieu, Alfred, Papa Hassan, Loïc qui a eu le pucelage de Zoubida, il y a longtemps, Touria, pute depuis l’âge de 14 ans !

Ces narrations et personnages s’entrecroisent et alternent, donnant parfois une impression de décousu, mais permettant aussi de mieux connaître le passé familial de Zoubida, la vie dans ce bled peuplé d’ennui …et d’habitants sans aucun intérêt.

Le roman alterne drame, violence, humour, personnages sordides ou lumineux…

Bref, un bon moment de lecture !

Éditions du Seuil – 2016 – 198 pages


Lien vers la présentation de Tierno Monénembo


Quelques lignes

  • « On dit que l’étranger est un messager. S’il se sent bien chez vous, ce sera de très bon augure. S’il se sent mal, les démons à vos trousses redoubleront de férocité. Et s’il expire sous votre toit, ce sera toute une époque de maladies et de guigne pour vous, pour vos descendants, pour les descendants de vos descendants. » (P. 30)
  • « Il n’y avait pas alors d’état civil chez vous, vu qu’il n’y avait ni le papier, ni l’encre, ni même l’écriture qui va avec. » (P. 33)
  • « Oui, mais ces énergumènes reviennent du Moyen-Orient avec des habits bizarres et des sermons que l’on n’avait jamais entendus ici. Tu as peur? » (P. 63)
  • « Nous sommes ici-bas pour rire. Nous ne le pourrons plus au purgatoire ou en enfer. Et au paradis, ce ne serait pas convenable. » (P. 175)

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