Tierno Monénembo

 » Lis-les comme ils arrivent. N’obéis qu’à ton appétit ! Ne t’occupe point de ranger. Surtout pas de rayonnages dans ta jolie petite tête ! Laisse ça aux ébénistes et aux érudits ! Dis-toi que la littérature est un extraordinaire festin, un délicieux fourre-tout. Goûte à tous les plats, pêle-mêle selon tes goûts, selon tes envies ! Lis tout… Voltaire, Flaubert, Camus, Le Clézio, mais il n’y a pas que les Français… Pouchkine, Gogol, Soljenytsine, mais il n’y a pas que les Russes… Faulkner, Caldwell, Salinger, Roth, mais il n’y a pas que les Américains… Sassine, Achebe, Hampâte Bâ, Kourouma, Lanou Tansi mais il n’y a pas que les Africains, Maalouf, Darwich, Abû Nuwâs, mais il n’y a pas que les Arabes… Plus tu varieras les lectures, plus cette pièce s’élargira, plus ton esprit s’illuminera. Alors, tu n’habiteras plus une prison mais un ciel plein d’étoiles…  » (Bled – P. 170) 

« Le terroriste noir » – Tierno Monénembo

Le terroriste noirAddi Bâ est un jeune guinéen soldat de l’armée française, l’un de ces « tirailleurs sénégalais ». Fait prisonnier par l’armée allemande lors de la bataille de la Meuse il s’évade et rejoint les forêts des Vosges où il erre et se cache.Il n’est pas l’un de ces coloniaux arrivés, souvent contre leur grès, en France depuis leur Afrique natale à la veille de la guerre.  Il a été adopté à l’âge de treize ans par un percepteur des impôts qui officiait à Conakry…. Parce qu’il était noir il fut affecté à l’un des régiments de chair à canon, les tirailleurs sénégalais…Dans l’armée française, on ne mélangeait pas les couleurs, à cette époque. « Sitôt la guerre terminée, on les jette comme des Kleenex usagés, […] Plus personne de pense à eux après! [….] avec un coup de pied au cul, les poumons en sang et les jambes en moins ; abrutis, sous-gradés, absents des citations et des monuments aux morts, et avec ça, un pécule inférieur de dix fois à celui de leurs collègues blancs. »

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