« Les dernières cartes » – Arthur Schnitzler

Otto Von Bogner vient demander de l’argent à son ancien camarade d’armée Wilhelm Kasda….

…il est caissier dans un bureau d’installations électriques. Ni vu, ni connu, il a retiré de l’argent dans la caisse mais… il souhaite que les comptes soient justes , car il doit être contrôlé  :« Et je dois les récupérer avant huit heures et demie demain matin, sinon…enfin, tu me rendrais là un vrai service, Willi, si tu pouvais me… »

Von Bogner est un habitué de ces coups tordus, un habitué de ces dettes de jeu, c’est à cause d’elles qu’il a été jeté hors des rangs militaires.

Mais Wilhelm ne roule pas sur l’or !

Une seule solution s’offre à eux deux….. aller au jeu..dans l’espoir de gagner!

Wilhelm lui propose de jouer 100 florins au café où il joue avec d’autres militaires…la chance lui sourit, il gagne, puis perd, il emprunte de l’argent à d’autres joueurs.

Il gagne de nouveau, il perd… À la table de jeu, un consul, un banquier, un docteur, un comédien, un avocat. La partie se termine. Le consul le raccompagne dans sa voiture et lui dit « Votre dette, lieutenant, s’élève à onze mille florins nets »…….soit l’équivalent de trois ou quatre années de solde!

Une paille !

Il lui donne quelques jours pour régler cette dette, puisqu’il doit partir pour l’étranger…alors que Wilhelm pensait lui proposer une revanche !

« C’est ce qui s’appelle refait! Il y a un quart d’heure, j’étais un jeune homme riche. Me voilà maintenant un va-nu-pieds, et pour eux je me suis refait! » …le livre de 155 pages n’est pas fini, loin de là…vous venez d’entrer dans une partie, dont vous avez du mal à vous échapper…une partie dont vous pressentez le drame.

Arthur Schnitzler vous a pris à son jeu, un jeu qui n’a pas pris une ride bien qu’il ait été écrit il y a presque cent ans.Un court roman dans lequel on entre comme dans ces parties de jeu…en pensant qu’on pourra s’arrêter et le reprendre le lendemain…

Et non, « addict » à la lecture, j’ai voulu aller jusqu’au bout, avant d’aller au lit, pressé d’en connaître l’issue !

Éditions Sillage – Traduction par Brice Germain – 1926 – 155 pages


Lien vers la présentation de Arthur Schnitzler


Quelques lignes

  • « Le consul demanda une autre carte. Neuf. envolés les cinq cents florins, volatilisé, le billet de mille. Tout était perdu. Tout? Non, il lui restait encore les cent vingt florins qu’il avait en poche en arrivant à Baden à midi, et quelques piécettes. Étrange. Il était effectivement redevenu le pauvre diable qu’il était avant. » (P. 66-7)
  • « Mais quelle somme miser? Il ne restait plus que quelques centaines de florins devant lui. Soudain, il y eut plus d’argent.Le consul avait poussé vers lui deux autres billets de mille. « Servez-vous, mon lieutenant. » Il se servit, évidemment. Il misa mille cinq cents florins et gagna. Il pouvait même payer sa dette, à présent, et il lui restait même un peu d’argent. Il sentit une main se poser sur son épaule. « Arrête-toi, Kasda », lui dit le lieutenant Wimmer derrière lui. Son ton était ferme, presque sévère. » (P. 69-70)
  • « C’est étrange, dit le consul, songeur. Quand on pense à quel point l’existence est déjà pour ainsi dire toute tracée chez certains, alors que pour d’autres, elle change d’année en année, parfois même de jour en jour…. » (P. 78) 

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