« Un homme est tombé » – Tony Hillerman

Ils ont vaincu les 400 mètres du mont Taylor…

….400 mètres c’est peu pour un alpiniste.

Mais ce mégalithe aux parois basaltiques verticales offrant très peu de prises  ne peut être gravi que par des cordées de grimpeurs chevronnées.  Cette montagne sacrée est située en territoire Navajo…

Aussi ces grimpeurs ont dû demander d’une part l’autorisation d’entrer sur le territoire de la tribu, d’autre part, obtenir  l’autorisation de gravir Ship Rock, et dédommager financièrement la tribu.

Là-haut comme tous ceux qui réussissent l’escalade, ils ont signé le registre enfermé dans une  cantine militaire, et mentionné la date de leur exploit.

Au moment de redescendre, l’un d’eux voit un crane dans un casque…un alpiniste qui sans doute dévissa et y laissa la vie.

Début d’une enquête  qui sera confiée, à Jim Che l’un de ces flics Navajo… eux seuls sont habilités à faire régner l’ordre et à intervenir sur ce territoire. Jim occupe dorénavant le poste de lieutenant de la police tribale depuis que Joe Leaphorn, son ancien chef a pris sa retraite.

Celui-ci reste cependant prêt à l’aider, à l’accompagner et à le conseiller en cas de besoin pour cette enquête pas si simple que ça.

Personne ne peut gravir seul ces parois, elles sont beaucoup trop abruptes et offrent très peu de prises…Mais pourquoi donc personne n’a signalé cette chute, cette absence, pourquoi personne n’a remarqué ce corps, pourquoi ceux qui avaient grimpé à ses cotés se sont-ils tus?

Cette affaire tombe bien mal .

Jim Chee a en effet  d’autres chats à  fouetter…Depuis plusieurs mois, il doit également enquêter sur des vols de bétail.  Bernadette Manuelito, une jeune stagiaire l’aide à mener de front ces deux enquêtes.

Et Joe Leaphorn,  jamais très loin, reste toujours disponible pour donner son avis et pour orienter l’enquête.

Rapidement Jim fait le lien avec la disparition d’un propriétaire de ranch, voisin du site, de plus, passionné d’escalade…Ce propriétaire possédait certes de nombreuses têtes de bétail mais avait surtout avait l’ambition d’exploiter les terres riches en molybdène de sa propriété….toutes les armées du monde ont besoin de ce métal pour leurs armes.

Un polar parmi d’autres, qui a cependant  la particularité de mettre en scène ces tribus Navajo, de faire découvrir au lecteur ces territoires, les relations de ces indiens avec le reste des Etats-Unis.

Cette approche  ethnique donne un intérêt indéniable à cette lecture. J’ai regretté qu’elle ne soit pas plus développée. Mais les amateurs de polars ne seront sans doute pas déçus.

Éditeur : Rivages noirs – Traduction par Danièle et Pierre Bondil – 2000 – Parution initiale en 1996 – 329 pages


Lien vers la présentation de Tony Hillerman


Quelques lignes

  • « Voilà un type qui hérite d’une propriété en fidéicommis, et deux ou trois jours plus tard, il disparaît. Et il disparaît dans ce qu’il faut bien considérer comme des circonstances très particulières. » (P. 72)
  • « Mais au cours des migrations qui les avaient conduits ici depuis la Mongolie en franchissant le détroit de Béring, les Navajos avaient amené avec eux une philosophie asiatique beaucoup plus ancienne. Les pensées, et les mots dont elles sont issues, influent sur la réalité de l’individu. Parler de la mort revient à l’attirer. Penser au chagrin revient à le susciter. Il allait penser aux tâches qui lui incombaient plutôt qu’à son amour. » (P. 91-2)
  • « Tout le monde avait lu des articles sur les stupéfiants qui envahissent les territoires indiens, les problèmes de gangs chez les Indiens, les graffiti indiens, les homicides indiens, l’enfance maltraitée et tout le bataclan. Un sujet extrêmement populaire chez l’intelligentsia urbaine. Nous avons fini par réussir à pénétrer dans les salons des puissants de ce monde. » (P. 173)
  • « …il disait que c’était comme si nous, les Navajos, on allait escalader cette grande église qu’ils ont à Rome, grimper au sommet du mur des Lamentations ou sur cet endroit où le prophète de l’Islam est monté au ciel.. » (P. 204) 
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