« L’América » – Michel Moutot

« L’Australie ou l’Amérique, c’est le seul choix que nous te laissons. Maintenant, va préparer ton sac. Tu n’as que quelques heures. »

Salvatore Fontarossa gère, avec ses fils, la distribution de l’eau entre les différents propriétaires terriens. Oh, pas bénévolement bien sûr, il demande 3 caisses d’oranges sur 10 à chaque propriétaire pour lui donner de l’eau.

On est en Sicile, et chacun doit se plier aux volontés de ces chefs mafieux.

Quand il recrute les hommes de main dont il a besoin et afin que chacun respecte son autorité,  il les fait jurer en leur piquant le doigt avec son couteau et dépose le sang dans un mouchoir, qu’ils ne doivent pas laver…Ana est sa fille chérie et protège comme la prunelle de ses yeux…On ne doit la regarder qu’en baissant les yeux….gare à celui qui y toucherait.

Mais Vittorio Bevilacqua, un jeune pêcheur, n’a pas baissé les yeux…non il en est vite tombé amoureux, et cet amour a été vite consommé…la jeune fille est enceinte.

Salvatore Fontarossa ne le sait pas mais confie à son fils aîné le soin de régler le problème et de punir le gamin. Celui-ci sait qu’il est condamné à mort, à une mort violente. Alors il fuit vers cette vaste Amérique, il fuit Ana, il fuit les tueurs lancés à sa recherche.

L’océan est trop petit pour que Vittorio soit tranquille….même s’il change de nom.

Fontarossa trouvera toujours des hommes de main pour lui permettre d’assouvir sa vengeance. Ceux-ci n’hésitent pas à user du couteau, à laisser des morts derrière eux, à tuer des femmes, des innocents.

Là-bas dans cette Amérique, le gamin n’est pas à l’abri.

Une soixante de courts chapitres pour nous conter cet amour, ces dangers, la vie de la gamine, la vie de Vittorio, sa fuite.

Michel Moutot nous embarque dans une belle aventure. Lui, le journaliste sait nous captiver, nous surprendre, nous indigner…bref nous donner du bon temps.

L’été se termine…vous auriez pu lire ce lire sur la plage, quelques chapitres chaque après-midi, vous auriez pu voyager à ses côtés. Maintenant que vous êtes de retour à la maison, prenez du bon temps, oubliez les mièvreries de la télé…j’allais employer un autre mot… et faites-vous plaisir avec ce beau voyage.

Merci Monsieur Moutot, j’ai eu le plaisir de vous rencontrer dans un Salon du Livre, dans votre ville natale, j’ai eu l’honneur de rencontrer votre père…de connaître son imprimerie « Le Phénix »…

Que de temps s’est écoulé, que de souvenirs…Je vais reparler de vous. C’est certain.

Éditions du Seuil – Collection Points – 2021 – Parution initiale en 2020 – 500 pages


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Quelques lignes

  • « Si je reste ici, je vous mets en danger. Si je disparais, ils vous épargneront. Il paraît que ces bandits ne s’en prennent pas aux femmes et aux enfants. Si je reste sur l’île, ou même en Sicile, ils me tuer-ont, ce n’est qu’une question de temps. » (P. 71)
  • « Les fontanieri forment une confrérie, comme une organisation, tous en contact les uns avec les autres , même s’ils se disputent et se combattent parfois. » (P. 87)
  • « Je dépense sans doute plus d’argent à me protéger de cette brute que ce qu’il me coûterait si je cédais, mais c’est une question de principe. » (P. 108)
  • « Je ne comprendrai jamais d’où ils turent une telle haine des Noirs dans ce pays. Ce sont quand même eux qui les ont fait venir comme esclaves dans leurs champs de canne et de coton, non? » (P. 195)
  • « Trente huit ans après l’abolition de l’esclavage dans l’Union, rien ne semble avoir changé pour ces ouvriers agricoles misérables. Ils vivent dans les mêmes baraques de planches disjointes à la sortie de la ville ; travaillent souvent pour un salaire de famine pour le maître blanc qui a exploité leurs parents, devenu leur employeur. » (P. 228)

Une réflexion sur “« L’América » – Michel Moutot

  1. Merci beaucoup, Jean-Pierre.
    Je termine le prochain roman, « Route One », parution prévue en mai.

    A bientôt j’espère.

    Amitiés. Michel

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