
« Notre vie d’un demi-siècle, où a-t-elle disparue? »
Tetsuo et Fujiko Niré vivent leurs dernières années d’amour au sein d’une maison de retraite…une maison de retraite qui a pour devise : « Soins à vie avec respect »…tout un programme!
Fujiko, quant à elle, commence à perdre la tête…déchéance programmée due à la maladie d’Alzheimer…d’ailleurs ce matin elle s’est demandé qui était cet inconnu dans sa chambre et a souhaité que des paravents soient disposés entre leurs deux lits!
Et pourtant elle a épousé cet inconnu il y a plus de quarante ans..!
Elle perd la tête depuis le décès de leur fille…perte de repères qui nous effraie tous, surtout quant nous arrivons à un certain âge…. et si ça nous arrivait ?
Tetsuo quant à lui aimerait lui parler de leurs souvenirs communs, aimerait recréer cette mémoire défaillante, aimerait qu’elle puisse reconnaître ses enfants
Une vie de couple avec ses hauts et ses bas…..les accrocs au contrat et aventures de l’un et de l’autre qui auraient pu tout faire exploser ! Mais tout a tenu. Et quand on est proche de ces malades, il faut accepter cette mémoire sélective, accepter ces petits rien qui reviennent à l’esprit, accepter ces oublis y compris quand ont on fait partie de ces proches, eux-mêmes oubliés, eux aussi.
Aujourd’hui, Fujiko attend ses parents. Elle est heureuse : C’est jour de concert….. elle ne reconnait pas sa fille, mais se souviendra du nom des airs entendus à la radio…difficile pour les enfants. Ils doivent cependant l’accepter
Avec beaucoup de finesse l’auteure révèle les lourds secrets de chacun des conjoints, lourds secrets qui auraient pu faire exploser ce couple.
Un roman qui fit écho à plusieurs situations personnelles vécues…il n’en fut que plus réaliste et plus perturbant pour moi.
Éditeur : Actes-Sud – 2021 – 150 pages
Lien vers la présentation de Aki Shimazaki
Quelques lignes
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« Maintenant qu’elle est malade, c’est mon tour de prendre soin d’elle. Quoi qu’il arrive, elle sera toujours ma femme. Je dois la protéger, elle qui m’a été fidèle et le sera aussi à son “futur” mari. » (P. 23)
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« C’est injuste. Notre longue vie partagée a complètement disparu de sa mémoire, alors que le souvenir de son aventure éphémère demeure très vivace. Quarante-huit années contre une nuit. C’est comme si Fujiko niait inconsciemment mon existence en tant que son mari. » (P.89-90)
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« Fujiko ne peut pas se rappeler ce qu’elle a mangé ce matin, mais elle se souvient parfaitement de choses qu’elle a apprises dans son enfance. » (P. 90)
J’adore cette auteure pour sa sensibilité et sa poésie .
Chaque livre est différent , je ne peux que te conseiller de les lire .
J’attends toujours avec impatiente les nouvelles parutions .