« Sang Impur » – Hugo Hamilton

La vie d’une jeune gamin, l’auteur, dans les années 50-60….

…;dans une Irlande de plus en plus anglaise, de moins en moins irlandaise!

Un gamin balloté entre, d’une part, son père violent, farouche nationaliste, défenseur de la langue et de la  culture irlandaise, toujours à la recherche d’idées nouvelles, de coups plus ou moins tordus pour accroître les ressources du ménage…un homme toujours en échec, et, d’autre part, sa mère qui l’aime, un mère douce, d’origine allemande, qui a la nostalgie de ses origines et de son pays mais antinazie. Une origine qui lui colle à la peau et qui pèse encore quelques années après la fin de la guerre. Une origine qu’elle ne veut pas oublier et dont elle garde la nostalgie. Au contraire, elle en parle souvent à ses enfants, leur chante des chansons ou leur raconte des histoires dans sa langue natale, faisant ainsi de cette Allemagne une seconde patrie

Les parents ont interdit aux enfants de prononcer la moindre parole en anglais, sinon ils sont punis. 

La mère a conservé des liens avec sa famille qui lui envoie des vêtements, des jouets, et des livres.

Du fait de la proximité de la guerre le gamin et ses frères sont confrontés à des réactions racistes, à des insultes du voisinage, à des mises à l’écart de la part des autres gamins de leur âge…un récit autobiographique  touchant et émouvant

Editeur PHÉBUS – 288 pages – Traduction par Katia Holmes


Lien vers la présentation de Hugo Hamilton


Quelques lignes

  • « Peut-être que votre pays, c’est juste un endroit que vous vous fabriquez dans votre tête. Un truc qui vous fait rêver et chanter. Ce n’est peut-être pas du tout un endroit sur la carte, mais juste une histoire pleine de gens que vous rencontrez et de coins où vous allez, pleine de livres et de films que vous avez vus. Je n’ai pas peur d’avoir le mal du pays et de ne pas avoir de langue dans laquelle vivre. Je ne suis pas obligé d’être comme n’importe qui d’autre. Je marche sur le mur, Walk on the wall, et personne ne peut m’arrêter ».
  • « Je sais qu’ils ne veulent pas de nous ici. Je peux les voir passer de la fenêtre de la chambre des parents, ils viennent du terrain de football qui est près de notre rue et ils redescendent vers les magasins. Ils ont des bâtons, ils fument des mégots de cigarette et ils crachent par terre. Je les entends rire. C’est juste une question de temps : on sera bien obligés de sortir et ils seront là à attendre. Ils découvriront qui on est. Ils nous diront de repartir là d’où on vient. « 
  • On n’a rien à craindre, dit mon père : nous sommes les nouveaux Irlandais. Pour partie originaires d’Irlande, pour partie d’ailleurs – mi-Irlandais, mi-Allemands. Nous sommes les gens tachetés, il explique, les brack people, ‘les bigarrés’. Un mot qui vient de la langue irlandaise, du ‘gaélique’ comme ils l’appellent quelquefois. Mon père a été instituteur à un moment donné, avant de devenir ingénieur, et brack est un mot que les Irlandais ont apporté avec eux quand ils sont passés à l’anglais. Ca veut dire tacheté, pommelé, chiné, moucheté, coloré. Une truite est brack, un cheval tacheté aussi. Un barm brack est un pain avec des raisins dedans – un nom emprunté aux mots irlandais bairin breac. Ainsi, nous sommes les Irlandais tachetés, les Irlandais bigarrés. Un pain brack irlandais maison, truffé de raisins allemands. »
  • « Votre langue,c’est votre maison, votre langue,c’est votre pays. Et si toutes les petites langues disparaissaient et que le monde entier ne parle plus qu’une seule langue? On serait tous perdus et aveugles (…) rien que des portes qui battent au vent. »
  • « Nous vivons à la veille de l’extinction, un jour, il n’y aura plus qu’une seule langue et tout le monde sera perdu ».
  • « Si vous riez de vous même, le monde entier rira avec vous, mais si vous riez des autres, vous rirez seul. »
  • « La douleur, ça n’existe pas, a expliqué ma mère. La seule chose qui fait mal, c’est la honte. On a mal partout quand on a honte ».

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