
« Le temps s’est figé ici, tous sont allés vers leur vie, je suis resté à la mienne, ici à quai, spectateur de ces destinées multiples, témoin de ces heures ou de ces jours de passage qui ont défintivement changé le visage de leur existence. » (P. 22)
Cela fait 45 ans que John Mitchell est affecté sur cet ilot qui fait face à Manhattan, l’ilot d’Ellis Island sur lequel sont transférés, sur des barges, tous les immigrants arrivés par paquebots à New-York….un transfert provisoire qui peut durer des mois pour certains, quelques semaines pour d’autres..le temps que leur dossier soit examiné,…à l’issue duquel certains deviendront citoyens améicains …..d’autres seront renvoyés vers leur pays d’origine…
Leurs réponses à 29 questions décidaient de leur sort, retour en bateau vers leur pays d’origine ou traversée vers New-York, signifiant leur avenir vers leur rêve. une attente sur l’ile qui pouvait durer quelques jous voire plusieurs mois
John Mitchell, son directeur, officier du Bureau fédéral de l’immigration est résté seul sur l’île. Dans 5 jours, le bateau qui le raménera définitivement à New-York sera à quai, quelques jours au cours desquels il arpente ces lieux et revit quelques moments forts de ces 45 années, des joies mais aussi des peines, des drames…des suicides, des crimes mais aussi des bonheurs
12 millions d’immigrants sont passés par là, quelques jours pour certains, des mois pour d’autres, dans l’attente de réponses devant arriver de leur village d’origine. Ils ont été photographiés, oscultés, ils se sont ennuyés, battus..le temps était long pour certain, court pour d’autres
Là ils passaient entre les mains d’agents qui notaient les pathologies dont ils souffraient, pathologies qui pouvaient créer bien des drames quand les candidats étaient refusés.
John Mitchell a, lui aussi vécu des drames personnels sur cet îlot, des drames que le cimetière de l’île gardera à jamais en mémoire, mais aussi drames vécus par des candidats à l’exil.
Drames mais aussi coups de coeur…moments de bonté, moments d’humanité.
Un moment d’histoire aussi, bien agréable pour le lecteur
Notabilia – Les éditions Noir sur Blanc – 2014 – 166 pages
Lien vers la présentation de Gaëlle JOSSE
Quelques lignes
- « Tous les mondes se croisent et America est le seul mot qu’ils possèdent en commun » (P. 15)
- « Le temps s’est figé ici, tous sont allés vers leur vie, je suis resté à la mienne, ici à quai, spectateur de ces destinées multiples, témoin de ces heures ou de ces jours de passage qui ont défintivement changé le visage de leur existence. » (P. 22)
- « Après le débarquement rapide de la première classe, pouis de la deuxième au port de New-York, les passagers de l’entrepont, la troisième classe, sont transbordés qur une barge et conduits jusqu’ici pour cette épreuve de passage qu’ils appréhendent tous. » (P. 62)
- « Et si le Sphinx de Thèbes ne posait qu’une seule question avant de dévorer les malheureux qui n’en trouvaient pas la réponse, les fonctionnaires américains font beaucoup mieux, puisque ce n’est au terme de vingt-neuf questions qu’ils engloutissent les réprouvés dans les limbes de leurs statistiques en les renvoyant pas voie de mer. Il faut imaginer la fragilité, la folle énergie, la détresse et la détermination de toutes celles, de tous ceux qui ont un jour accepté l’idée, pour fuir la misère ou la persécution de tout perdre pour peut-être tout regagner au prix d’une des plus terribles mutilations qui soient : la perte de sa terre, des siens, la négation de sa langue et parfois celle de son propre nom, l’oubli de ses ritest de ses chansons. Car seule cette mutilation consentie pouvait leur ouvrir la Porte d’or »