« Les enfants de la Volga » – Gouzel Iakhina

« Il avait créé de ses mains la Commune allemande  sur les rives de la Volga – une sorte de petite Allemagne domestiquée, soumise au gouvernement de Moscou. Dans une certaine mesure, on peut dire qu’il avait réalisé le rêve du guide de la révolution. » (P. 134)

Jakob Ivanovitch Bach, est l’un de ces descendants d’exilés allemands venus s’implanter au bord de la Volga, invité par Catherine II, dans les années 20.

Il est instituteur dans l’école primaire du village de Gnadenthal, au bord de la Volga, ce grand fleuve qu’il traverse à la rame. Instituteur dans une petite école chauffée parce que les gamins et gamines doivent porter chauqe matin une bûche.

Klara Grimm est quant à elle une gamine vivant seule avec son père, sur l’autre rive de la Volga. Elle ne vient pas à l’école, c’est l’école qui vient à elle, puisque chaque jour Jakob Ivanovitch Bach traverse le fleuve pour venir lui donner des leçons…une traversée qui se fait en barque à la rame en été, ou à pied, en marchant sur la glace qui craque en hiver. 

Le livre a un petit côté « conte »…comment ne pas l’être avec une gamine qui s’appelle Grimm…L’instituteur et la gamine tomberont amoureux l’un de l’autre. Au fil des années, les pouvoirs politiques changeront, leurs conditions de vie en seront très durement affectées. 

Gouzel Iakhina  nous conte cette folie des hommes, de ces timbrés communistes, remplissant le Goulag, la folie de ce Staline jouant au billard…mais aussi cette faim qui torture les ventres, ce froid qui gèle la Volga. Etre allemand en Russie, alors que le Petit Père des Peuples trônait n’était pas simple.

Gouzel Iakhina  nous conte cette folie des hommes, de ces timbrés communistes, remplissant le Goulag, la folie de ce Staline jouant au billard…mais aussi cette faim qui torturait les ventres, et ce froid qui gèle la Volga, cette misère pesante…..ah! ce Petit Père des Peuples…!

J’ai été séduit par l’histoire, par cette découverte d’un pan de la Grande Histoire des Peuples et des pays, par cette critique du pouvoir soviétique mais également, perturbé par des longueurs…ces longueurs parfois agaçantes des grands romans russes. 

Les Éditions Noir sur Blanc – Traduction par Maud Mabillard – 2021 – 503 pages


Lien vers la présentation de Gouzel Iakhina


Quelques lignes

  • « Les chroniques de la migration des paysans allemands en Russie racontaient les jours où, sur invitation de l’impératrice Catherine II, les premiers colons débarquèrent à Kronstadt. » (P. 25)
  • « Le Nouveau pouvoir installé à Pétersbourg avait supprimé le ciel, déclaré que le soleil n’existait pas, et remplacé la terre ferme par de l’air. Les gens se débattaient dans cet air, ouvrant leur bouche effarée, n’osant pas protester, ne pouvant pas approuver. La foi, l’école et la communauté – Les trois piliers immuables de la vie et la colonie – avaient été  confisqués aux habitants de Gnadenthal, tout comme on avait confisqué sa maison et ses bêtes au meunier Wagner. On avait fermé l’église, le pasteur Haendel et sa femme avaient failli être exilés dans le Nord (les paroissiens armés de fourches et de crocs, les avaient défendus – avec succès); l’instituteur avait été chassé de l’école, on avait promis d’en envoyer un nouveau, mais il n’était jamais venu ; le conseil du village avait été déclaré reliquat du passé et remplacé par les soviets qui devaient prendre la tête de la nouvelle société, et par le kolkhoze, considéré comme les bras et les jambes du Gnadenthal renouvelé. » (P. 179)
  • « …les hommes luttaient contre l’infertilités du sol dans les champs, et les femmes, dans les maisons, pleuraient leurs enfants non nés. » (P. 296)
  • « …on luttait contre l’analphabétisme, le vagabondage, le vol de blé, les professeurs n’appartenant pas au Parti, la pollution de l’appareil administratif par des éléments hostiles, la nationalisme allemand, et même le nazisme, qui s’était introduit dans les colonies après l’arrivée au pouvoir, en Allemagne, d’Adolf Hitler. » (P. 400)

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