« Des hommes » – Laurent Mauvignier


Lien vers la présentation de Laurent Mauvignier


  • « Monsieur le maire, vous vous souvenez de la première fois que vous avez vu un Arabe? Monsieur le maire, vous vous souvenez?  Est-ce que vous vous souvenez? Est-ce qu’on s’en souvient ? Que quelqu’un ? Est-ce qu’on se souvient de ça? » (P. 77)
  • « Mais tout le monde a dû avoir des pensées un peu malsaines, en cachette, pour lui-même, se croyant seul à les avoir ruminées des années tout seul, bien enfouies dans les plis des souvenirs, dans les recoins, les ombres, marécages, eaux dormantes, ou bien seulement entre amis avec un petit coup dans le nez. » (P. 88)
  • « Il aurait dû prévoir le coup et s’arranger avec quelqu’un d’autre. Il s’est laissé prendre de vitesse, au dépourvu, il repasse l’image de sa mère prenant la parole pour qu’on fasse le chèque à son nom à elle, puisqu’elle a le compte de la famille. Bernard n’a pas de compte, Il en aura un lorsqu’il sera majeur et qu’il travaillera vraiment et pas comme il fait, d’aider à la ferme ou de donner des coups de main chez les voisins . Mais c’est elle qui tient l’argent. Elle que l’on paye lorsqu’il fait un travail chez les voisins ; il ne paye pas de loyer chez elle ; il ne lave pas son linge non plus; il est normal que ce soit elle qu’on paye pour son travail à lui. Quand il sera majeur, ce sera différent. » (P. 121)
  • « La vérité c’est que le passé, le passé on n’en parle pas. Il faut continuer, reprendre, il faut avancer, ne pas remuer. Et lui, il était resté seul à les entendre dire et redire, comme une incantation ou une prière, ce bout de phrase. » (P. 253)
  • « ….on ne sait pas ce que c’est qu’une histoire tant qu’on n’a pas soulevé celles qui sont dessous et qui sont les seules à compter, comme les fantômes, nos fantômes qui s’accumulent et forment les pierres d’une drôle de maison dans laquelle on s’enferme tout seul, chacun dans sa maison, et quelles fenêtres, combien de fenêtres? » (P. 272)

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