« Un loup pour l’homme » – Brigitte Giraud

Un loup pour l'hommeUne amie me l’avait conseillé, vivement conseillé…Après 5 lignes, j’ai failli le lâcher. 
Dès la première page j’ai été « bousculé » par l’attitude  qui me semblait irréaliste du « médecin [qui] ne voit aucune raison d’interrompre la grossesse » de Lila, parce qu’Antoine son mari est appelé en Algérie en qualité de bidasse. « Elle est en parfaite santé, elle est jeune »
Certes les médecins avaient depuis 1955 la possibilité de faire pratiquer ou de pratiquer des avortements thérapeutiques mais le sujet demeurait encore tabou, et interdit par les mœurs, et la loi sur de très nombreux points. Seules les « faiseuses d’anges » dont les noms et adresses s’échangeaient sous le manteau, réglaient les erreurs dues à la méthode de calcul d’Ogino, « père » de si nombreux enfants….. Le médecin ne pouvait nullement fonder sa décision sur la seule jeunesse et la seule santé de la maman, qui n’étaient pas les seuls critères pris en compte…un peu trop rapide à mon goût !

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« Harkis, un passé qui ne passe pas » – Katia Khemache

Harkis, un passé qui ne passe pasLes plus anciens d’entre nous, ceux qui ont connu la blouse à l’école primaire, se souviennent certainement de cette période du début des années 60, de la fin de la guerre d’Algérie. Après Zappy Max, on nous imposait le calme au moment des informations qu’on écoutait dans un silence religieux à la radio. Nos préoccupations de gamins ne nous permettaient pas de tout comprendre, mais nous saisissions bien inconsciemment, du fait des visages soucieux de nos parents, le drame de la situation.  
Puis nous vîmes arriver sur nos bancs d’école, en cours d’année, de nouveaux camarades avec un accent inconnu : l’instituteur ou les parents nous expliquèrent….La fin de la guerre, les enfants de rapatriés, un, deux, trois par classe.  Je n’ai entendu parler des Harkis, que quelques années plus tard – aucun camp n’existait à proximité du domicile familial – quand les journaux radio nous firent part de leur existence, quand leurs représentants s’exprimaient, ou quand sur la route des vacances vers le soleil du midi, nous croisions un de ces camps aux baraques sinistres rappelant un peu celles d’autres camps. Aucun de leurs enfants ne fréquentait nos écoles. 

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« L’art de perdre » – Alice Zeniter

L'Art de perdrePour Ali et ses frères leur vie simple débuta comme un « conte de fées ». L’oued en crue, dans lequel il se baignaient, charriait les eaux de la fonte des neiges…et dans celles-ci un pressoir qui aurait pu les percuter. Un rocher l’arrêta. « Alors ils sortirent le pressoir de l’eau, le remirent en état et l’installèrent dans leur jardin. Peu importait désormais que leurs maigres terres fussent stériles car les autres venaient à eux avec les olives de leurs arpents et eux en faisaient de l’huile. Bientôt, ils furent suffisamment riches pour acheter leurs propres parcelles. »

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« Oran, langue morte » – Assia Djebar

oran-langue-morteCinq nouvelles, un conte, un récit : sept textes sur la condition des femmes en Algérie et dans le monde musulman, femmes menacées par les islamistes, femme française  aimée par un algérien, heureuse avec lui, enterrée comme une reine dans un cimetière musulman, femme de journaliste assassiné, fillettes enlevées …
Destins divers, heureux ou assassinés, depuis les années 40 jusqu’à nos jours en passant par les combats de la guerre d’indépendance. Des pages qui nous font voyager entre l’Algérie -Oran, Alger -, l’Europe – Paris, la Hollande, la Normandie, la Sardaigne, Verdun, l’Alsace, Monte Cassino, l’Allemagne  et le Moyen Orient Bagdad, Alep, le Kurdistan….
Un commun dénominateur : La femme, sexe faible et opprimé, sexe fort aussi. 
Une violence au quotidien.

Une écriture fouillée, précise, percutante, difficile parfois


L’auteure Assia Djebar


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« Rue Darwin » – Boualem Sansal

Rue DarwinYaz, accompagne sa mère à Paris, elle vient faire soigner son cancer. Elle arrive épuisée et dans le coma. Ses enfants sont venus des 4 coins du monde où ils ont émigré et réussi. Tous sont là pour l’accompagner sauf Heti, qui lui a choisi de vivre un islam intégriste avec les talibans..Malheureusement son état ne lui permettra pas de voir une dernière fois ses enfants réunis.
Quand Yaz s’est penché pour l’embrasser une dernière fois « une voix, comme un écho venant de loin a résonné dans sa tête : « Va retourne à la rue Darwin«  ».

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