On parle souvent de l'enchantement des livres. On ne dit pas assez qu'il est double. Il y a l'enchantement de les lire et il y a celui d'en parler. (Amin Maalouf – Les désorientés)
«Si les démocraties occidentales – à commencer par la France – veulent éviter le pire, il est donc grand temps qu’elle fassent preuve de lucidité-réalisme face aux mollahs » …dernière phrase du livre.
L’auteur précise : « Ce qui m’intéressait particulièrement, c’était de comprendre quels étaient les fondements religieux et idéologiques de la République islamique d’Iran, ce sur quoi ils reposaient et comment celle-ci s’était transformée en État mafieux. » (P. 38)
Un livre pas toujours aisé, mais surtout un livre courageux. Très courageux, car l’auteur risque sa vie en dévoilant les turpitudes du régime, les viols, les assassinats et disparitions de ceux qui en Iran aujourd’hui osent ou osaient s’opposer aux religieux qui gèrent le pays. Il sait qu’il est menacé.
Un livre également très documenté, quant à l’Histoire de l’Iran de ces cinquante dernières années.
Aujourd’hui, des religieux s’associent aux trafiquants de drogue, de toutes les drogues, Cocaïne et autres, et qui en font les ressources, les moyens de leurs actions.
Des moyens inépuisables.
Une économie et un régime qui ont d’autres moteurs, également très puissants : le pétrole, l’uranium….et l’antisémitisme dans une société très codifiée, et dirigée au carcan !
Ce livre traînait sur une table de la Médiathèque…sans doute un lecteur intéressé par le thème, l’a feuilleté et laissé, de peur d’affronter cette dure réalité, et les cauchemars qui pourraient s’en suivre. Car cette lecture n’est cependant pas toujours aisée, mais souvent dérangeante car très documentée.
Oui, il faut du courage pour décrire, chiffres et faits à l’appui, les risques que font courir au monde les mollahs qui à ce jour dirigent l’Iran…et les risques géopolitiques pouvant affecter le monde entier, notamment la gestion du Détroit d’Ormouz, par lequel transitent tant de cargos
L’Iran : un pays que j’ai vu évoluer – dans la presse – au cours de ma vie.
Il y a bien longtemps la presse nous présentait un Iran « bling-bling» celui du Shah d’Iran, qui avec son épouse s’étalaient régulièrement en premières pages de Paris-Match.. C’était un aspect qui plaisait dans les chaumières !
Papier glacé, photos bien cadrées, pas naturelles….bref du Paris-Match grand cru ! On devait sans doute, je le suppose retrouver les mêmes « infos » creuses dans Ici-Paris. Concurrence oblige !
Ou comment se moquer de ses lecteurs en leur offrant du vide.
Au moins ça nous permettait d’attendre les ciseaux du coiffeur….
Aujourd’hui, cette drogue qui transpire de partout, ces narcotrafiquants qui ont pignon sur rue et ce pétrole sont des armes très puissantes. Il y en tant en a tant et tant à disposition. Des avions gros porteurs sont même affrétés pour transporter des lingots d’or ! Dans d’autres paradis !
Ces « armes » sont présentes à toutes les pages ou presque. Elle sont les moteurs du pays de même que l’hostilité à l’égard de l’Irak.
Non contents de disposer de ces moteurs increvables, l’Iran travaille sur un autre moteur… le nucléaire…nucléaire iranien toujours géré et voulu par les religieux, un moteur entre des mains qui pourraient l’utiliser contre Israël. Un risque et un moteur freinés par l’Occident…Jusqu’à quand?
Oui, l’Iran disposerait de suffisamment d’uranium pour fabriquer plusieurs bombes!
Petit oubli…et non des moindres. L’Iran est un gros fournisseur d’armes, notamment de drones, dont la Russie de Poutine raffole par les temps qui courent pour tenter d’écraser l’Ukraine. Une Russie amie et alliée de l’Iran !
Un ouvrage pas toujours aisé à lire, mais qui a surtout la faculté d’attirer l’attention du lecteur sur ce pays, ses conditions de vie, ce régime de religieux, et les dangers de toute nature pouvant apparaître .
« La mort et les larmes, tout au long de ce voyage au cœur des ténèbres iraniennes, ont en fait été mes compagnes en chaque instant. » (P. 37)
« On n’imagine pas à quel point il y a des idéologues totalement mystiques au sein du gouvernement iranien, qui rêvent de l’affrontement final, et de déclencher le Jihad mondial. » (P. 125)
Une attention à ne jamais relâcher.
Coup de chapeau à l’auteur …. Au moins on ne pourra jamais dire « Nous ne savions pas ! »
« Ils font peur aux plus grands États de la planète » (P. 132)
« Enquêter sur la face cachée du régime iranien, c’est s’exposer au mieux à des menaces de mort, au pire au risque d’être abattu d’une rafale de mitraillette en pleine rue» (P. 15)
« L’Iran des Mollahs est en réalité un État islamique qui tient du régime nazi et de la famille Corleone » (P. 15)
« ..la révolution islamique a été engendrée par un pervers psychopathe dont les disciples, encore à l’œuvre aujourd’hui, s’affranchissent de toute humanité au nom de ses préceptes aussi rétrogrades qu’odieux. » (P. 26)
« La mort et les larmes, tout au long de ce voyage au cœur des ténèbres iraniennes, ont en fait été mes compagnes en chaque instant. » (P. 37)
« Tous ces bourreaux ont une posture de concentration sérieuse. Ils sacrifient leur vie pour quelque chose de plus grand. Mais parmi eux, seuls quelques-uns sont de vrais sadiques. Les autres suivent. » (P. 39)
« …comme Khomeini dans sa jeunesse, les fondateurs des Frères musulmans étaient fascinés par le nazisme, et que par de nombreux aspects, les méthodes employées par les mollahs et leur police sont celles de Gestapo et la SS, ce qui n’est pas un hasard. » (P. 41)
« La force des mollahs a été de jouer sur une alliance avec des groupes marxistes et communistes pour se donner une image de gens ouverts, enclins à l’avènement de la démocratie au Moyen-Orient. Si bien sûr il y avait une demande populaire pour obtenir plus de libertés et préserver un certain nombre de traditions , la vision des opposants de gauche et de leurs soutiens était quand même très naïve. » (P. 57)
« Khomeini a tout fait pour donner l’illusion d’une démocratie, en confiant le vrai pouvoir aux institutions religieuses. » (P. 58)
« La République islamique […] va dès lors s’imposer au monde entier comme un État pratiquant le régime de la terreur sur le plan intérieur, amis aussi sur le plan international, la diplomatie du terrorisme. » (P. 66)
« La République islamique met la pression sur le gouvernement irakien pour qu’il expulse les opposants iraniens. » (P. 117)
« Les gardiens de la révolution et les mollahs sont en effet prêts à toutes les infamies pour préserver leur pouvoir, et surtout protéger les immenses fortunes que celui-ci leur a permis d’amasser depuis 1979. » (P. 117)
« Alors que les gens d’ici meurent de faim, et que des mères n’ont pas de quoi nourrir leurs enfants, les mollahs vendent des drones à Poutine pour tuer des civils en Ukraine, alors qu’ils détestent les russes. » (P. 124)
« Je ne m’opposais pas à l’État, je défendais les droits de l’Homme, et je fondais mes critiques de L’État sur des bases juridiques. Mais les gouvernements autoritaires n’aiment pas les nuances; ils ne supportent aucune critique…. »
«Le problème, c’est que je ne sais pas ce que signifie le mot “bonheur”» dira Massoum.
Oui, le bonheur est un état d’âme bien rare dans ce livre, bien bref, si l’on considère le bonheur des femmes de ce roman….C’est tout autre chose si on prend en considération le lecteur qui trouvera certainement qu’il est bien difficile de fermer ce livre le soir, qui éprouvera le bonheur d’une lecture qui le transportera vers d’autres mondes, vers d’autres époques, qui l’indignera et le percutera de plein fouet.
Massoumeh Sadeghi, appelée Massoum par les siens, est la narratrice et le personnage principal du roman. C’est une jeune femme aux yeux verts dont je suis tombé amoureux…Le texte et …l’image de la couverture en sont la cause. Nous la suivons pendant plusieurs dizaines d’années, au fil des évolutions politiques de l’Iran, évolutions qui n’apportent aucune révolution dans la mentalité de la majorité des hommes. Au contraire..
Vali Asr, c’est l’avenue de 18 km de long qui traverse Téhéran du nord au sud…une avenue emblématique de l’Iran, un peu comme nos Champs Elysées, une avenue qui sert de fil conducteur à ces huit portraits d’iraniens ou d’iraniennes. Huit portraits courageux pour tracer un autre portrait, celui de l’Iran moderne, de son rigorisme, de sa violence, de son luxe et de sa crasse.
Huit hommes et femmes, dont certains en totale opposition avec les images de l’Iran des religieux que les médias, nos médias occidentaux nous présentent. Aucun de ces personnages ne peut nous laisser indifférent, tous traduisent la violence, l’hypocrisie et le mensonge dans lesquels les iraniens sont contraints de vivre. Tous nous révoltent car tous sont des uppercuts.