« Le Livre des brèves amours éternelles » – Andreï Makine

Le livre des brèves amours éternellesDe l’orphelinat où fut placé Andreï Makine jusqu’à son adolescence, huit nouvelles écrites sur la vie en Russie au temps du communisme, du stalinisme. Des pointes d’humour, pour se moquer avec force de ce régime, pour le dénoncer, mais aussi pour parler de cette recherche du bonheur, du plaisir, des plaisirs simples, de l’amour….

Quelques extraits « Notre erreur est de chercher des paradis pérennes. Des plaisirs qui ne s’usent pas, des attachements persistants, des caresses à la vitalité des lianes : l’arbre meurt mais nos entrelacs continuent à verdoyer. Cette obsession de la durée nous fait manquer tant de paradis fugaces, les seuls que nous puissions approcher au cours de notre fulgurant trajet » 

« Ce qu’il faut expliquer aux autres c’est que la seule doctrine vraie, elle est toute simple. Elle tient au fait de ….de s’aimer »

« Un jour, en parlant avec l’un des innombrables prisonniers de l’époque stalinienne, j’apprendrai que le bonheur pouvait être encore moins consistant : un grain reste non moulu dans une tranche de pain »
J’adore !!! On a tant à apprendre avec Makine…
Andreï Makine…..vous savez, c’est cet auteur russe qui écrit un français si pur et si fouillé que bien des auteurs français l’envient ……les Immortels l’ont accueilli dans leurs rangs.


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Quelques extraits choisis
  • « Philosophe de formation, il critiquait non pas les tarés spécifiques du régime en place, dans la Russie d’alors, mais la servilité avec laquelle tout homme en tout temps envie l’intelligence pour rejoindre le troupeau,…… C’est ma patrie, et voir mes concitoyens sommeiller autour d’une bauge m’est particulièrement intolérable  » (P.13)
  • « …il avait raison . Nous sommes tous capables de quitter la marche grégaire du défilé, ses vociférations exaltées, ses emblèmes écrasants, ses mensonges » (P.24)
  • « À côté de ces plaisirs de pauvre, nous disposions d’uń bonheur infiniment plus riche, celui des choses imaginées » (P.31)
  • « Bien plus tard, le souvenir de cette camisole de force métallique me ferait penser au désespoir qu’ éprouveraient mes compatriotes. Devant l’omniprésence de la censure et du contrôle policier mais surtout devant l’impossibilité de quitter ce pays, de percer l’armature du rideau de Fer » (P.39)
  • « Je pense avoir évoqué la disparition de l’Etat perdant toute utilité car les hommes formeraient une seule communauté où la police, l’armée, les prisons seraient superflues. Je savais que Lénine le promettait dans sa vison de l’avenir….c’est celà une communauté d’hommes destinés à être heureux. »(P.92)
  • « Ce qu’il faut expliquer aux autres c’est que la seule doctrine vraie, elle est toute simple. Elle tient au fait de ….de s’aimer » (P.94)
  • « le silence est parfait, aucun insecte, pas d’oiseaux, la lumière égale, le ciel d’un bleu profond, la pureté immaculée des efflorescences, l’air infusé de suavité. C’est un paradis. Et pourtant nous sommes ici pour démontrer qu’il s’agit d’un enfer . Telle est la tâche que s’est saignée mon amie, journaliste et ardemment dissidente, résolue de dénoncer, dans un article de samizdat,cette pommeraie modèle, l’une des résolutions absurdes du socialisme soviétique finissant » (P.154)
  • « Notre erreur fatale est de chercher des paradis pérennes. Des plaisirs qui ne s’usent pas, des arrachements persistants, des caresses à la vitalité des lianes : l’arbre meurt mais leurs entrelacs continuent à verdoyer. Cette obsession de la durée nous fait manquer tant de paradis fugaces, les seuls que nous puissions approcher au cours de notre fulgurant trajet de mortels. Leurs éblouissements surgissent dans des lieux souvent si humbles et éphémères que nous refusons de nous y attarder. Nous préférons bâtir nos rêves avec les blocs granitiques des décennies. Nous nous croyons destinés à une longévité de statues. »

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