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ès avoir été journaliste à la Voix du Nord, Marcel Frémaux est devenu biographe familial. ‘Toute vie mérite d’être racontée’, disent ses publicités, et c’est pour cela que ses clients se confient à lui. Il a perdu son père ancien résistant et à l’issue de son enterrement où seules étaient présents « Neuf personnes et 3 drapeaux », il est contacté par une femme, présente à l’enterrement, qui souhaite lui commander l’écriture d’un livre retraçant les exploits de son père lui aussi ancien résistant.
Le vieil homme est réticent, refuse ce projet, et finit par accepter de raconter sa vie.
Mais Marcel Frémaux, faute d’avoir pu discuter avec son père décédé, va en vrai journaliste, essayer de comprendre l’histoire paternelle en interrogeant, un peu comme un flic parfois, ce vieil homme qui aurait pu croiser son père . Pour comprendre, et retracer au mieux ce passé de résistant, il va vérifier les exploits de ce ancien résistant…. et alors…. !!!
Un livre sur l’amour et l’admiration pour le père, sur les relations entre deux pères et leurs enfants respectifs. L’un, le narrateur, a eu une relation difficile avec son père avec lequel il a eu beaucoup de peine à communiquer, un père uniquement « présent, on en saura finalement assez peu sur son père, l’autre, la jeune femme, au contraire à qui son père a raconté par le détail sa vie de résistant, père qu’elle admire du fait de son passé.
Un livre sur le travail d’investigation des auteurs, du journaliste, la vérification des informations, la confrontation du mensonge et de la réalité.
Un livre sur les « légendes » familiales, l’image que l’on veut donner de soi à ses enfants en temps que père, le silence parental, les non-dits…
J’avais aimé « Retour à Killybegs » et « Mon traître ». Je n’ai pas été déçu par ce livre de Sorj Chalandon, journaliste à Libé puis au Canard Enchaîné. Est-ce une partie de son histoire familiale, de ses interrogations, est-ce une leçon sur l’éthique professionnelle qu’il assume qu’il a voulu nous faire partager?
Extrait
« Il avait deux enfants, mais j’ai cru longtemps qu’il n’en avait qu’un. Lucas était son grand, son préféré, son fils. Dix ans de différence entre nous et tout un monde aussi. Il parlais à Lucas, il jouait avec moi. A Lucas il enseignait la vie, Il me faisait des ombres sur le mur en joignant les deux mains. Je lisais sur ses lèvres. Lucas lisait dans ses yeux. Mon père lui a parlé de sa résistance…. A mon frère, il a parlé du convoi du 27 avril 1944. Des six chiffres tatoués sur son avant-bras gauche. Il a raconté son retour, seul. Les drapeaux fanés qui l’avaient assailli. Son réseau sans honneurs, sans hommages, sans rien. La guerre redevenue paix, les prisonniers errants, les soldats jetés aux civils par milliers. Les douleurs qui glacent, les bravoures qui ennuient, les désarrois qui agacent aussi. Son retour de camp, c’était cela. Des résistants en trop, des déportés en plus, une humanité barbelée dont on n’a su que faire. » (P.17)
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