
La fille du patron de la Mafia américaine revient enceinte, de Moscou où elle était partie interviewer Brejnev et Kossyguine. Elle y a connu son premier orgasme grâce au père du bébé….qui est un juif zoophile. Et son mafieux de père, tradition oblige, veut à tout prix qu’elle soit mariée le jour de la naissance du petit. Il charge un passeur, par ailleurs maniaque sexuel ayant l’habitude de dépecer ses victimes, de faire sortir d’URSS (on est en 1970) le futur père du petit.
Pas si simple…la suite vous le prouvera.
Edgar Hilsenrath a le don de parler de sujets graves avec humour et de façon décalée voire provocante et dérangeante, dans « Nuit », « Le Nazi et le Barbier » et « Fuck América ». Ayant connu en qualité de juif la vie des ghettos et le nazisme, on ne peut le soupçonner de se moquer des déportés de l’holocauste…
Dans « Orgasme à Moscou », il met son humour, (au premier et au second degré) et sa dérision au service d’un sujet léger, mais égratigne au passage notamment le régime soviétique, ses dirigeants, les dirigeants américains, les arabes, les juifs, les supers héros de romans (OSS117, James Bond) mais aussi, indirectement, les autres auteurs spécialisés dans cette littérature d’espionnage sans grand suspense… Chacun a droit a ses petits traits d’humour, à sa dérision.
Mais quel travail ! : A la suite d’une commande d’Otto Preminger, Edgar Hilsenrath a écrit ce livre en 6 jours
Un bon moment de sourires et de détente que je recommande
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Extraits
« Une voiture de sport n’est pas faite pour rouler vite, mais pour vous rajeunir. Elle confère à son conducteur, fut-il d’âge mûr, une aura d’intrépide jeune mâle nimbé de vent, de soleil, et de pluie…. La plupart des femmes s’y laissent prendre…. N’importe quel conducteur de voiture de sport vous le dira » (P.203) « A sept heures du soir, elles partirent pour l’hôtel Americana, où se tenait une réunion de féministes radicales new-yorkaises. La conférence fut intéressante. L’oratrice traita du »clitoris envy » chez ces messieurs. La théorie freudienne de l’envie du pénis fut réfutée à coups d’arguments objectifs. L’oratrice traita du machisme et fit valoir qu’il n’était rien d’autre qu’un moyen de camoufler la faiblesse réelle et avérée du sexe prétendu fort. Elle pointa la supériorité biologique de la femme, qui même mûre pouvait écarter les jambes pour accueillir le mâle, tandis que l’homme dépendait entièrement de sa capacité érectile, dont le dysfonctionnement fréquent tenait à des raisons tantôt psychologiques tantôt biologiques. En qualité de rédactrice en chef adjointe du magazine »New Establishment », féminin de référence, Shirley Levy fut à son tour conviée au pupitre. Elle ne dit que quelques mots. Soulignant qu’elle n’était pas lesbienne comme tant d’autres qui avaient noyauté le mouvement, elle enjoignit l’auditoire à voter aux prochaines élections pour un président américain sans pénis. La dernière à monter au pupitre fut Anna Maria. (…) Elle se borna à exhiber son ventre en déclarant à l’assistance qu’elle avait certes sa petite idée en concevant cet enfant, mais pas celle conformiste et bourgeoise, à laquelle on pense. Anna Maria dit «Un État de droit se doit de garantir aux femmes le droit à l’orgasme !» et d’ajouter «Tout comme le droit d’enchaîner à elle l’homme qui lui procure cette jouissance !» Certaines femmes applaudirent, d’autres, qui n’avaient pas goûté la dernière phrase se mirent à siffler de rage. Après quoi tout le monde chanta. » (P.220) « En quelques années les arabes ont accompli un bond historique qui les a propulsé du plus profond Moyen Âge au cœur du XXème siècle. Ils sont passé du vol de chameaux à la piraterie aérienne » (P. 238) « Interdiction de violer les ânes. L’âne ne fait pas de politique et c’est un animal utile » (P. 247)