« Les brumes du passé » – Leonardo Padura

Les brumes du passé Mario Conde, personnage récurent de Padura est un ancien flic un peu « alcoolo », et assez désabusé. Il gagne sa vie en revendant des livres anciens, dont les cubains, se débarrassent pour pouvoir manger et vivre, et faire face aux restrictions et aux pénuries dues au régime castriste. Il a trouvé une famille, d’anciens serviteurs d’un homme riche, vivant dans l’appartement luxueux qu’il a abandonné et qu’ils gardent en attendant son hypothétique retour. Après avoir vendu les vases en porcelaine de Sèvres, ils se décident à vendre les livres de la bibliothèque. Parmi eux des trésors inestimables pour lesquels des riches américains dépenseraient des fortunes capables de faire vivre un cubain pendant toute sa vie. Conde, honnête et aimant plus les livres que l’argent, trie les ouvrages et propose de ne céder dans un premier temps que ceux ayant la plus faible valeur. En les feuilletant, il trouve un vieil article de journal des années 50 parlant d’une chanteuse Violetta dont il a entendu parler : son père en était amoureux et il s’interroge : « qu’est-elle devenue? ». Elle s’est suicidée…pas sur.

son tempérament d’ancien flic le mène dans une nouvelle enquète pour retrouver la trace de cette chanteuse, pour connaître les conditions de sa mort en recherchant ceux qui l’ont connue. Une enquête qui nous fera voyager dans le monde des livres, du Cuba des années 50 à celui des années 2000, du Cuba des fêtes, des Music-Hall et des bordels, de la Mafia au cuba triste et délabré, ses prostituées repoussantes … Il retrouvera d’autres chanteuses qui l’ont connue. Mais par ce polar Padura nous fait passer de la lumière à la grisaille, de l’opulence à la pauvreté, du régime de Batista au castrisme, et nous fait partager son amour des livres.

Un voyage dans le temps …. Une découverte de Cuba.


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Extraits

  • « Des centaines de bibliothèques privées cessèrent d’être une source de culture, d’orgueil bibliophile et d’accumulation de souvenirs d’un temps sans doute heureux et troquèrent leur odeur de savoir pour l’acidité fétide et vulgaire de quelques billets salvateurs. Des bibliothèques inestimables sédimentées par plusieurs générations et des bibliothèques constituées à la hâte par toutes sortes de parvenus; des bibliothèques spécialisées dans les thèmes les plus profonds ou les plus insolites et de bibliothèques faites de cadeaux d’anniversaire ou de mariage furent vouées par leurs propriétaires au plus cruel des sacrifices sur l’autel païen du besoin croissant d’argent devant lequel s’étaient prosternés presque tous les habitants d’un pays trop souvent menacé de mort par inanition » (P. 15)
  • « Il pourrait y avoir des livres, surtout des livres cubains qui ne devraient pas sortir de Cuba et pratiquement personne ici ne peut les payer à leur juste valeur. Et encore moins la Bibliothèque Nationale. Je pense que ce serait un crime de les vendre à un étranger qui les sortirait ensuite du pays…..si nous nous mettons d’accord, nous pouvons faire des affaires avec les livres vendables, et si par la suite vous voulez vendre les autres, les plus précieux, je me retiré un point c’est tout. » (P. 25)« Les gens vendaient par nécessité et achetaient pour la même raison; les uns vendaient ce qu’ils pouvaient et les autres achetaient ce que leur permettaient leurs poches trouées » (P. 39)
  • « Il était quasiment impossible d’arrêter cette hémorragie,car dans certains cas la source d’approvisionnement était le bibliothécaire payé 250 pesos par mois et qui pouvait difficilement résister à une offre de 200 dollars, son salaire de 20 mois pour sortir des documents ou un volume demande par un acheteur exagérément intéressé . » (P. 74)
  • « Il recevait presque tous les jours la visite de propriétaires désespérés de reliques familiales survivantes devons cataclysmes antérieurs, qui désiraient seulement s’entendre proposer des chiffres raisonnables pour leurs livres, leurs meubles et leurs beaux objets et aussi, suivant le sentier tout tracé, les acheteurs les plus sérieux échoués dans l’île à la recherche des jeunes filles en fleur, qu’il était, sans aucun doute le seul à pouvoir leur offrir » (P. 76)
  • « Pourquoi les gens sont de plus en plus tarés ?….il doit y avoir trop de gens qui en ont marre d’en baver, alors ils cherchent la voix de la facilité. Il y en a beaucoup trop qui ont grandi en voyant presque tout le monde se débrouiller pour voler, falsifier, trafiquer, ça leur semble tout ce qu’il y a de plus normal et ils font comme s’ils ne voyaient rien de mal. Mais le plus terrible, c’est la violence : ils ne respectent rien et quand ils veulent quelque chose, ils l’obtiennent par n’importe quel moyen.  » (P. 102)
  • « Le plus grand malheur d’un homme c’est de survivre à ses amis » (P. 112)
  • « Après avoir vécu
    Vingt déceptions
    Une de plus, qu’importe
    Une fois que tu sais
    Ce que te réserve la vie
    Tu ne dois pas pleurer
    Il faut se rendre compte
    Que tout est mensonge
    Que rien n’est vrai
    Il faut vivre tout instant de bonheur
    Il faut jouir autant que tu le pourras
    Car a l’heure du bilan, finalement
    La vie est un rêve
    Et tout s’en va.
    La réalité c’est naître et mourir
    Pourquoi sombre dans une telle anxiété
    Tout n’est qu’une éternelle souffrance
    Le monde est ainsi fait ….sans bonheur
    (Arsenio Rodriguez)
  • « Il avait commencé à aimer les livres et les bibliothèques à la façon des croyants qui adorent leurs églises : comme des lieux sacrés où la profanation n’est pas admise, sous peine de condamnation éternelle » (P. 161)
  • « Chaque livre, n’importe lequel, est irremplaçable, chacun a un mot, une phrase qui attend son lecteur » (P. 164)
  • « Une voix m’a réveillé en me disant que ma faute était de ne pas savoir ce que je devais savoir, et que mon châtiment serait de savoir ce que je n’aurais jamais voulu ou du savoir » (P. 191)
  • « La souffrance est le résultat du désir de possession. L’esprit et les sentiments entravent leur fonctionnement quand ils s’attachent aux préjugés de l’expérience. » (P. 227)

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