- « Je lis avec ferveur, dévotement – et très lentement. Un quart au moins des mots m’échappait et, n’ayant apte dictionnaire, j’étais obligé de réfléchir au sens de chaque phrase. Mais cela ne faisait qu’augmenter mon plaisir. J’apprenais de nouveau à lire, avec une concentration depuis longtemps oubliée sur chaque phrase, chaque adjectif ; je me sentais comme un homme longtemps alité, qui apprend à remarcher avec une conscience aiguë du jeu des muscles. J’imaginais que les Romains lisaient ainsi, quand les livres étaient écrits à la main sur de longs rouleaux de parchemin ; dévotement, phrase par phrase, quelques pouces du rouleau chaque jour, de manière à garder le reste pour le lendemain. Lorsque les écrivains étaient obligés d’utiliser ces rouleaux de parchemin, ils savaient avec quelle attention les gens les lisaient et avaient confiance en leurs lecteurs. De nos jours, les lecteurs peuvent avoir confiance dans l’écrivain, mais les auteurs n’ont aucune confiance dans le lecteur. » (« Dialogue avec la mort – Un testament espagnol » – P. 161)
- « J’ai toujours pensé que dans l’administration de la divine Providence, un service spécial tout entier veille à ce que le livre qui convient tombe à point nommé entre les mains d’un lecteur. » (« Dialogue avec la mort – Un testament espagnol » – P. 161)
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