« Une révolte tunisienne » – Seif Eddine Nechi & Aymen Mbarek

« On écrase la moindre résistance et on reprend la ville au plus vite; snipers, en place ! pas de pitié! Pas de clémence ! Compris?! »

À Douz, en décembre 1983 les forces de l’ordre, armée ou police font face à une population qui s’élève contre la suspension des subventions accordées aux produits céréaliers . Les forces de l’ordre tirent à balles réelles et tuent un gamin.

Un autre gamin amputé de la main et en butte aux moqueries de ses camarades rencontre le fantôme de Belkacem qui a été tué..On apprendra plus tard pourquoi il fut amputé de la main

Le grand-père montre et offre à Salem un vieux talkie-walkie américain…Il date de la dernière guerre,  de la bataille du Belvédère, au mont Cassino où le grand-père était soldat aux cotés de soldats américains. Il avait été, lors des ces combats, blessé au genou et un soldat américain lui a donné en cadeau ce talkie-walkie…devenu facétieux car leur permet d’entendre les conversation de la police et d’intervenir, dans les conversations entre groupes de policiers en demandant de déplacer des troupes pour faire face, ici ou là à des groupes de manifestants…groupes imaginaires qui mobilisent ainsi des hommes qui seraient bien plus précieux ailleurs…

Cet anonyme qui fait sourire la population deviendra « Chbayah ….une légende urbaine qui se prête à toutes sortes de spéculations ». Chbayah signifie « Petit fantôme »

Jeune Afrique écrira en janvier 1984 : « Chbayah intervient de sa voix enrouée et un peu canaille , pour passer des messages politiques, invectiver, faire le pitre ou se laisser aller au sarcasme. »

Le 6 janvier 1984, le Président Bourguiba dans un discours reviendra à la situation d’avant les hausses du prix du pain

Ce titre permet de mettre en lumière un épisode peu connu en France, de l’Histoire de la Tunisie, mais aussi des relations entre la Tunisie et l’Italie

Le style graphique évolue en fonction des périodes racontées : scènes muettes avec une mystérieuse vipère traitées en couleurs, scènes d’actions au trait caricatural et expressif, scènes du passé  monochromes…le dessin est efficace et percutant, les visages en gros plan sont troublants.

Merci à Babelio-Masse critique et aux éditions Alifbata pour cette découverte, pour ce cadeau

Editeur : Alifbata – 2022 – 215 pages


Lien vers la présentation de Seif Eddine Nechi

Lien vers la présentation de Aymen Mbarek


Quelques lignes

  • « la mort rend les braves éternels et condamne les lâches à l’oubli. » (P. 71)
  • « C’est ainsi que les habitants de Tunis ont découvert Chbayah, ce personnage mystérieux et effronté qui nargue les forces de l’ordre » (P. 185)
  • « En quelques jours Chbayah devient une légende urbaine qui se prête à toutes sortes de spéculations . Son nom est sur toutes les lèvres. » (P. 190)

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