
Julie Otsuka nous permet de suivre la vie de migrantes japonaises anonymes, véritables héroïnes de ce livre, depuis le bateau qui les transportait comme du bétail vers le beau mari dont elles portaient la photo sur le cœur et qu’elles idéalisaient, jusqu’à la « disparition », quelques années plus tard, de ces femmes et de leurs familles dans des camps de déportation, crées et gérés par les américains…
Des camps dont on ne saura rien dans ce livre…- il faut lire « Quand l’empereur était un Dieu ». Elle ne nous épargne rien, ni les déceptions à l’arrivée du bateau, ni les viols de la nuit de noce, ni le machisme de leurs conjoints, ni les travaux d’esclaves dans les champs, les entreprises, les emplois de bonnes à tout faire… vraiment tout, tout… les conditions de vie sordides de leurs débuts, les enfants nés dans des conditions épouvantables, le racisme des blancs, etc. Des milliers de cas tous différents
Un livre aussi à la gloire de ces hommes et femmes qui en quelques années, en 2 générations, depuis leurs débuts d’ouvriers du bas de l’échelle sociale ont su, malgré tout, créer et développer des entreprises, et assimiler parfaitement la culture et la langue américaine .. Grâce à son style un peu déroutant parfois, une litanie de phrases courtes, d’une construction se répétant pendant tout le chapitre, elle arrive nous transmettre les émotions, le tragique de toutes ces situations vécues par ces centaines d’hommes et femmes, leurs souffrances …..mais aussi leur abnégation, leur force de travail, leur capacité à rebondir, à innover, à investir, à créer des entreprises, à s’assimiler….et à disparaitre, et à être oubliés et pillés par les voisins
Un livre témoignage sur la vie américaine égoïste …Chacun peut certes gravir les échelons de la société, mais seul. Une société qui accueille certes, mais peut écarter très vite tous ceux qui lui nuisent ou pourraient lui nuire…
Aurait-elle pu écarter les musulmans après les attentats du 11 septembre comme elle a écarté les japonais dans des camps après Pearl Harbour. Comment aurait réagi le monde….un monde qui n’a pas réagi après Pearl Harbour
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Une petite phrase...
- « Un japonais peut vivre avec une cuillerée de riz par jour. Nous étions la meilleure race de travailleurs qu’ils aient jamais employée au cours de leur vie. Ces gars-là arrivent et on n’a plus du tout besoin de s’en occuper » (P. 39)