« 21 leçons pour le XXIe siècle » – Yuval Noah Harari

21 leçons pour le XXIe siècleAprès avoir, dans « Sapiens » regardé dans le rétroviseur du monde, dans le passé de l’humanité, Yuval Noah Harari avait tenté de nous confronter aux grands défis qui s’ouvraient à nous, notamment du fait du développement de l’intelligence artificielle avec son deuxième titre « Homo deus ». 
J’ai retrouvé dans 21 leçons pour le XXIe siècle, une partie des questions qu’il se posait et pour lesquelles il tentait de nous alerter dans « Homo Deus. Une brève histoire de l’avenir« …une impression de redite parfois, comme s’il avait souhaité parfois « surfer sur ce succès » et le prolonger par une réflexion plus ciblée, organisée différemment, autour de 21 thématiques parmi lesquelles on peut citer :  Travail, Liberté, Egalité, Civilisation, Nationalisme, Religion, Immigration, Terrorisme, Dieu, Laïcite, Justice…sans oublier la manipulation de l’information, les fake-news, et j’en passe. 

21 thèmes dans lesquels on retrouvera parfois des réflexions évoquées dans les précédents ouvrages, mais là organisées et reprises différemment. 
Le regard analytique de l’auteur s’appuie sur une documentation importante, sur un travail non négligeable d’analyse et de synthèse de travaux d’autres auteurs, de chercheurs, de philosophes ou d’universitaires, etc.. référencés en fin d’ouvrage, pour lesquels il nous livre sa propre analyses, ses points de vue, les points de réflexion et d’interrogation, souvent philosophiques posés quant à l’avenir de l’humanité. 
Quels que soient les nationalités, les sexes, les couleurs ou origines, nous fonctionnons dorénavant tous de façon identique, selon des besoins comparables…Les différences culturelles sont de plus en plus aplanies et minimes. La communauté devient planétaire, les menaces aussi, qu’elles soient environnementales, terroristes, économiques ou religieuses…la rapidité d’échange et de diffusion des informations n’y est pas étrangère. Les solutions sont également planétaires. 
C’est certainement ce qui caractérisera le XXIème siècle. L’humanité devra vaincre ses querelles identitaires et être unie. 
Il est certes facile de considérer l’histoire, impossible de la refaire, de la réécrire. En ce qui concerne le futur, bien malin serait celui qui pourrait nous livrer des certitudes indiscutables. Nous ne sommes pas à l’abri d’un fou, d’un taré dirigeant une puissance. L’histoire nous l’a enseigné.
Cette inquiétude qui fut la mienne une fois le livre refermé est salutaire. Certes, quelques points, quelques affirmations, quelques inquiétudes sont discutables, voire provocants et contestables mais n’est-ce pas là l’intérêt de ce type de livre?


Présentation de Yuval Noah Harari


Quelques lignes
  • « Si nous investissons trop dans le développement de l’IA et trop peu dans celui de la conscience humaine, l’IA trop sophistiquée des ordinateurs pourrait simplement servir à amplifier la bêtise naturelle des humains. Il y a peu de risques d’une rébellion robotique dans les prochaines décennies, mais nous pourrions avoir des hordes de bots sachant appuyer sur les boutons de nos émotions mieux que ne le ferait notre mère, et utiliser cette mystérieuse capacité pour essayer de nous vendre quelque chose : une voiture, un politicien ou carrément une idéologie. Les bots pourraient identifier nos peurs, nos haines et nos aspirations les plus profondes, et utiliser ces moyens de pression intérieurs contre nous. Les élections et les référendums de ces derniers temps à travers le monde nous en ont déjà donné un avant-goût, quand des hackers ont appris à manipuler les électeurs en analysant les données les concernant et en exploitant leurs préjugés(33). Loin des apocalypses dramatiques de feu et de fumée des thrillers de science-fiction, nous pourrions être en réalité confrontés à une banale apocalypse à portée de clic. » (P. 88)
  • « Dès lors qu’un écart de capacités s’ouvrira entre riches et pauvres, il deviendra presque impossible de le fermer. Si les riches se servent de leurs capacités supérieures pour s’enrichir encore, et que leur argent supplémentaire leur permet d’acheter des corps et des cerveaux améliorés, avec le temps l’écart ne fera que se creuser. En 2100, le 1 % le plus riche possédera non seulement le gros de la richesse mondiale, mais aussi la majeure partie de la beauté, de la créativité et de la richesse.Les deux processus réunis – le génie biologique associé à l’essor de l’IA – pourraient donc aboutir à la séparation de l’humanité en une petite classe de surhommes et une sous-classe massive d’Homo sapiens inutiles. Mais cette situation inquiétante pourrait être pire encore : alors que les masses perdront leur importance économique et leur pouvoir politique, l’État pourrait perdre au moins une partie de l’incitation à investir dans la santé, l’éducation et le bien-être. Il est très dangereux d’être en surnombre. L’avenir des masses dépendra alors de la bonne volonté d’une petite élite. Peut-être cette bonne volonté existe-t-elle pour quelques décennies. Mais en temps de crise – comme la catastrophe climatique – il serait très tentant et facile de balancer par-dessus bord les gens superflus. » (P. 93) 
  • « Au XXIe siècle, les religions n’apportent donc pas la pluie, ne soignent pas les maladies et ne fabriquent pas de bombes. En revanche, elles aident à déterminer le « nous » par opposition à « eux », à déterminer qui nous devons soigner et qui nous devons bombarder. » (P. 152)
  • « Or, la véritable énigme de la vie est ce qui arrive non pas après la mort, mais avant. Si vous voulez comprendre la mort, vous devez comprendre la vie. » (P. 329)

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