
« Le code de l’indigénat séparait hermétiquement le monde des Arabes de celui des Français. Officiellement, les indigènes courbaient l’échine et tremblaient devant la civilisation dont ils finiraient par comprendre les bienfaits. Sauf qu’il s’agissait d’un mensonge. Sous l’indifférence couvait une haine absolue» (P. 240)
….Plongée au cœur de cette Algérie conquise par la France…une plongée qui a eu le don de me donner la nausée parfois. Plongée au cœur de cette colonie, de cette administration coloniale raciste et violente. De cette armée française injuste. J’y reviendrai. Ah ! Que cette Algérie aurait été un beau pays ! Il suffisait seulement qu’elle se débarrasser ou qu’elle parvienne à maîtriser les Arabes et les Juifs..
L’antisémitisme, et le racisme sont présents dans de nombreuses pages ….jusqu’à la nausée parfois. Une administration française rigide qui imposait que chacun marche droit, arabes, juifs et …soldats. Soldats gardés afin d’être matés dans des bagnes, notamment quand ils étaient récalcitrants aux ordres.. dans des casernes sur le sol français. des bagnes dans lesquels les matons étaient des tirailleurs noirs, venus d’autres colonies….françaises !Des bagnes dans lesquels ces gardiens noirs pouvaient tuer des bidasses français…
La France était capable de faire garder ses bidasses réfractaires à la discipline par des soldats noirs violents! Et racistes… ! Et…..il ne fait pas l’oublier dépendant de cette France coloniale!
Il faut se souvenir ou apprendre que les bidasses tiraient au sort la durée de leur engagement…ce point n’est pas du tout peu développé, dans le roman. Un recherche historique rappelle qu’à partir de 1803 (loi du 8 nivôse an XI), les futurs conscrits sont tirés au sort, un procédé qui subsistera jusqu’en 1905, date à laquelle le service militaire devient obligatoire. Qui sait comment on peut se comporter face à une telle injustice ?
Un de mes grands oncles, que j’ai très peu connu, uniquement sur la fin de ses jours échappa au service militaire, grâce à cette disposition…Il aurait pu, s’il avait tiré le mauvais numéro, être envoyé quelques années sous le soleil d’Afrique. Le lecteur qui méconnait ce point d’histoire pourra passer à côté du roman et ne pas tout comprendre.
Et, il ne faut pas l’oublier : « Plusieurs condamnations pour ivresse sur la voie publique et violences à l’âge de seize ans. Cette mention au casier l’envoie dans les bataillons d’Afrique. » (P. 99)
Ces points sont peu précisés, à mon avis, dans le roman. Ils permettent pourtant de mieux apprécier le livre et les situations développées.
Là, des bagnes militaires accueillaient les bidasses, les soldats les plus récalcitrants des casernes françaises Algérie, en plein milieu du désert… afin d’y être mâtés, « sous la garde de tirailleurs africains qui rêvent de coller aux bagnards une balle dans la peau. Ce n’est pas tous les jours qu’ils ont l’occasion de fracasser des Français »
Oui, ce fut aussi ça la France et la vie de soldats Français et de soldats coloniaux sous la responsabilité de la France . il ne faut pas l’oublier !
Une Algérie attirant les grandes familles, les grands noms de la finance et de l’argent…Il y avait beaucoup, beaucoup d’argent à gagner…et la vie à perdre, parfois….y compris pour les grandes familles.
Tragiques pages de la Troisième République colonialiste, raciste. L’Histoire de France, c’est aussi ces heures ces années bien moins glorieuses. !
Des pages peu traitées voire jamais traitées sous cet angle ….avec ces images et ces mots directs à l’occasion des cours d’Histoire que j’ai suivis…il ya bien longtemps au lycée.
Une image qui mérite cependant d’être lue. Et connue !Y compris aujourd’hui, car, qui sait…elle conditionne en partie notre actualité
Merci
Editions La Manufacture de livres – 2024 -315 pages
Lien vers la présentation de Gwenaël BULTEAU
Quelques lignes
« Il commence à faire des conneries pour se distraire, manque à l’appel et répond aux supérieurs »(P. 14)
« La cruauté des chaouchs ne connaît pas de limite, mais je ne vais te faire l’inventaire de punitions » (P. 16)
« Josse voit des damnés, des vaincus. Il contemple la lie de l’humanité. C’est un enfer qui l’attend. » (P. 17)
« L’armée ne se contentait pas de garnir les rangs des établissements de travaux publics avec ses condamnés militaires , elle fournissait également aux riches colons de la main-d’oeuvre issue de son système pénitentiaire à un prix défiant toute concurrence. C’était un arrangement gagnant-gagnant : des subsides pour l’armée, des économies pour les propriétaires privés. » (P. 32)
« Alger sombrait dans le chaos depuis que les antisémites avaient pris le contrôle de la ville. » (P. 35)
« Les gens de la haute société avaint bon goût,[..] alors autant les imiter en toute matière. » (P. 37)
«L’armée savait trouver des arrangements avec les grandes fortunes. » (P. 43)
« En cas de rébellion, il appliquait le principe de la responsabilité collective. Le village entier, sur lequel le capitaine lâchait ses nègres armés de fusils et de sabres, était alors puni. Les tirailleurs coupaient de têtes sur des billots et ils enlevaient des femmes, leur premier butin. » (P. 47)
« Il se méfiait des Blancs qui vous souriaient aimablement et puis soudain se mettaient à vous frapper à coups de badine. » (P. 58)
« Depuis longtemps, la préfecture avait renoncé à enfermer les orphelins. A quoi bon remplir les prisons avec des bon à rien qu’il faudrait nourrir par dessus le marché. » (P. 86)
« Plusieurs condamnations pour ivresse sur la voie publique et violences à l’âge de seize ans. Cette mention au casier l’envoie dans les bataillons d’Afrique. » (P. 99)
‘Il fallait s’étonner de rien avec les tarés de Biribi, bien souvent saisis par une mélancolie sordide propre à l’Afrique, mais quand même. » (P. 100)
« Les indigènes ont l’air inoffensif, à première vue, mais vous ne les conaissez pas. Vous ignorez ce qu’ils dissimulent en eux. Moi je les observe depuis des années : ce sont des paresseux, des forbes, des voleurs ? Ils profitent que vous regardiez ailleurs pour vous détrousser. Ils ne valent pas lieux que les Juifs. D’ailleurs, ils sont tous à mettre dans le même sac, les youpins, les Arabes, les Kabyles, les nègres, les Espagnols, les Portugais, tous pareils. Dire qu’on leur a accordé la nationalité française. » (P. 108)
« Le guerrier méritait son repos. En France, on préconisait aux instituteurs l’abstinence sexuelle la veille des jours de classe ; aus militaires, on ordonnait de baiser à couilles rabattues. » (P. 119)
« Pendant longtemps, avant la réglementation du taux d’usure, seuls des Juifs prêtaient de l’argent. En réalitré, ila agissaient en sous-main pour les banques. C’était une sorte de prête-nom/ les banques gardaient une image d’indépendance et de souveraineté tandis que les Juifs ruinaient les pauvres gens. On leur laissait le sale boulot. » (P. 142)
« A la limite, on tolérait le concubiange d’un homme blanc avec une indigème ou une femme noire. L’inverse, en revanche, subissait les foudres de la morale. Une femme blanche aimant les Noirs passait pour une putain. » (P. 146)
« Tout le monde savait que les banques avaient intérêt à la ruine de certains emprunteurs, ceux dont les bâtiments se transformaient en juteux programmes immobiliers. » (P. 147)
« Les encaisseurs n’avaient pas été agressées au hasard, mais lors d’un moment opportun de leur tounée. » (P. 149)
« La France prétend que l’esclavage est interdit, mais ce n’est pas la réalité de l’Algérie. Va dans la rue de l’amiral Courbet où vivent les familles puissantes. Elles possèdent toutes des esclaves noirs, que l’on voit s’activer dans les parcs de leurs palais. » (P. 167)
« Le prix d’un homme variait selon la personne qui le dénonçait .Un Arabe n’était pas le mieux placé pour se faire payer au prix fort. » (P. 196)
« Leur légende les précédait : la rumeur des massacres s’était largement répandue et la plupart des habitants, terrorisés à la vue du drapeau français, se réfugiaient dans les forêts voisines pour échapper aux exactions
« Le code de l’indigénat séparait hermétiquement le monde des Arabes de celui des Français. Officiellement, les indigènes courbaient l’échine et tremblaient devant la civilisation dont ils fiiniraient par comprendre les bienfaits. Sauf qu’il s’agissait d’un mensonge.Sous l’indifférence couvait une haine absolue» (P. 240)
« Les Français des citoyens et les Arabes des sujets. » (P. 240)
«Ce pays nous appartient, mais ce n’est même pas notre langue qu’on utilise. » (P. 241)





On ne sait pas grand-chose de la vie d’Albert Villeneuve dans cette France de la fin du XIXème siècle…Elle était miséreuse et ne devait pas être riche d’espoir..
Le Canada, le Québec, leurs forêts immenses, leurs lacs, le froid, et j’ai retrouvé dans ce livre tous mes rêves d’enfants, une partie de mes bandes dessinées qui me transportaient, me faisaient rêver…mais là pas de cow-boys, mais des Corbeaux, ces jésuites venus de France, évangéliser ces Sauvages…