Jean-Luc Seigle

 » Je ne connais pas de livres qui vous disent de rester à votre place et de ne rien espérer ou de ne rien attendre de la vie ; ceux qui disent ça dans les romans sont toujours des personnages exécrables : les vieilles tantes que l’on trouve dans la littérature anglaise ou les suivantes des grandes héroïnes de la tragédie. » (« Je vous écris dans le noir » )

« L’idée de l’évasion, sous quelque forme que ce soit, est vitale en prison. Grâce à cette bibliothèque que l’on me confia, je m’évadais dans les livres. Ce n’est pas rien, ça. La langue, qui pourtant m’avait condamnée m’aiguillonnait chaque jour. Je m’étais aperçue au bout d’un an de prison que la langue s’y dégradait à une vitesse impressionnante, et sans les livres le processus est encore plus rapide. » (« Je vous écris dans le noir » – P.111)

« Je vous écris dans le noir » – Jean-Luc Seigle

je-vous-ecris-dans-le-noirPauline Dubuisson écrit une longue lettre qu’elle envisage de remettre à Jean qui la demande en mariage, une lettre pour lui expliquer qui elle a été. Jean a, en effet, aimé le film « La Vérité » de Clouzot, dans lequel Brigitte Bardot incarnait Pauline, jeune femme jugée pour un crime…Une longue lettre écrite à la première personne pour expliquer qu’elle n’est pas le monstre contre laquelle une condamnation à mort a été requise, à la suite du crime d’un ancien amant.
Elle a échappé à deux condamnations à mort demandées par les juges, la première étant à la Libération. Encore gamine elle avait eu le tort d’aimer un médecin allemand. Elle fut tondue, marquée de croix gammées et violée à de multiples reprises, par ces salauds se proclamant résistants, mais seulement de la dernière heure, ces bourreaux bien pensant de jeunes femmes. Elle trouva son salut en partie grâce aux livres et à la lecture.

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« En vieillissant les hommes pleurent » – Jean Luc Seigle

en-vieillissant-les-hommes-pleurentUne journée pas tout à fait comme les autres pour une famille ouvrière de 5 personnes à proximité de Clermont-Ferrand : le 9 juillet 1961 : la télévision arrive dans la famille.
Albert 53 ans est ouvrier chez Michelin, il a élevé sa sœur cadette de 15 ans et vit dans la maison de son enfance. « L’existence de son corps » lui est « insoutenable ». »En finir le libérerait de tout ça. Albert ne pensait pas à mourir, il avait juste le désir d’en finir. Mourir ne serait que le moyen ». Il a un « gout prononcé pour le passé » et travaille tout le temps, usine, jardin, stères de bois à couper…

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