« Article 353 du code pénal » – Tanguy Viel

Article 353 du code pénalMartial Kermeur vient de jeter du bateau Antoine Lazenec avec lequel il pêchait. Le juge d’instruction l’interroge afin de décider ou non de l’inculper.

Magnifique huis clos entre le juge et le prévenu. Le juge s’exprime peu, quelques questions par ci, par là afin de préciser un point de l’exposé du prévenu. Martial quant à lui, parle, déverse tout ce qu’il a sur le cœur, donne l’impression de se libérer d’un poids. Sa pensée est un peu décousue parfois, pas toujours chronologique, traduisant une relative indifférence vis à vis des risques qu’il encourt.
Martial est un vieil ouvrier de l’arsenal.
A la fermeture de celui-ci, il a perçu 400 000 francs, une belle somme pour l’époque. Modeste, il n’a pas de besoin particulier : il occupe gracieusement un petit appartement du château, dont il en tond les pelouses, en échange. Alors il envisage d’investir cette somme dans l’acquisition d’un beau bateau pour aller à la pêche…un bateau un peu comme celui d’Antoine Lazenec, promoteur immobilier, avec lequel il part régulièrement taquiner les loups. A l’occasion d’une partie de pêche, entre deux poissons, il parle incidemment de ces 400 000 Francs…il vient sans le savoir de ferrer un requin, un requin des affaires, qui ne le lâchera pas et fera tout afin qu’il investisse cette belle somme dans un magnifique appartement vue sur mer, dans le complexe touristique qu’il envisage de construire.

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« En vieillissant les hommes pleurent » – Jean Luc Seigle

en-vieillissant-les-hommes-pleurentUne journée pas tout à fait comme les autres pour une famille ouvrière de 5 personnes à proximité de Clermont-Ferrand : le 9 juillet 1961 : la télévision arrive dans la famille.
Albert 53 ans est ouvrier chez Michelin, il a élevé sa sœur cadette de 15 ans et vit dans la maison de son enfance. « L’existence de son corps » lui est « insoutenable ». »En finir le libérerait de tout ça. Albert ne pensait pas à mourir, il avait juste le désir d’en finir. Mourir ne serait que le moyen ». Il a un « gout prononcé pour le passé » et travaille tout le temps, usine, jardin, stères de bois à couper…

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« Amours » – Léonor De Récondo

amours2Le mari, la femme, la bonne, l’enfant, trio puis quatuor amoureux et parfois vulgaire sont souvent les personnages principaux de trop nombreux romans de Amoursgare, assemblages de feuilles de papier devant lesquels je passe sans même jeter un regard. Certains éditeurs en ont fait leur fond de commerce.
J’avoue bien sincèrement que ni la couverture austère de l’édition « Sabine Wespieser », ni l’édition plus sexy de l’édition « Points », ni surtout le titre ne m’auraient poussé à feuilleter et à lire ce livre, si, par hasard sur les réseaux sociaux, je n’avais été accroché par le commentaire d’un auteur journaliste travaillant à l’AFP et lauréat de prix littéraires, qui avait mentionné les simples mots « Coup de cœur »…
On peut encore écrire avec finesse, pas uniquement un roman d’amour, mais aussi un roman qui vous transporte dans le milieu bourgeois du début du XXème siècle de la campagne française.

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« Ru » – Kim Thúy


RuElle est née à Saïgon, dans une famille aisée pendant l’offensive du Tet, puis les soldats communistes ont occupé sa maison. Sa famille a dut comme beaucoup, s’enfuir sur un bateau de fortune….* »Mon père avait prévu, si notre famille était capturée par des communistes ou des pirates, de nous endormir pour toujours, comme la Belle au bois dormant, avec des pilules de cyanure »*
Quand on a un certain âge on se souvient de ces boat-people, de cette période, de cette guerre….

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« Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller » – Boualem Sansal


Le village de l'Allemand
Un livre « Coup de poing » à lire impérativement pour réfléchir sur notre société contemporaine, un livre écrit d’après une histoire vraie par un auteur, Boualem Sansal, censuré en Algérie à cause de sa position très critique envers le pouvoir en place.
Un jeune beur des banlieues, Malrich,  cherchant sa voie, passant de petits boulots en stages, quand il n’est pas au chômage, reçoit en 1997 des mains de la police un journal écrit pas son frère Rachel, qui s’est suicidé. Incompréhensible …: Rachel avait pourtant réussi sa vie, il était blond et cadre dans une grande entreprise, habitait une villa… Tout le contraire de Malrich, jeune beur « typé » vivant au 10ème étage d’une tour de banlieue, chez son oncle…

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