
Magnifique huis clos entre le juge et le prévenu. Le juge s’exprime peu, quelques questions par ci, par là afin de préciser un point de l’exposé du prévenu. Martial quant à lui, parle, déverse tout ce qu’il a sur le cœur, donne l’impression de se libérer d’un poids. Sa pensée est un peu décousue parfois, pas toujours chronologique, traduisant une relative indifférence vis à vis des risques qu’il encourt.
Martial est un vieil ouvrier de l’arsenal.
A la fermeture de celui-ci, il a perçu 400 000 francs, une belle somme pour l’époque. Modeste, il n’a pas de besoin particulier : il occupe gracieusement un petit appartement du château, dont il en tond les pelouses, en échange. Alors il envisage d’investir cette somme dans l’acquisition d’un beau bateau pour aller à la pêche…un bateau un peu comme celui d’Antoine Lazenec, promoteur immobilier, avec lequel il part régulièrement taquiner les loups. A l’occasion d’une partie de pêche, entre deux poissons, il parle incidemment de ces 400 000 Francs…il vient sans le savoir de ferrer un requin, un requin des affaires, qui ne le lâchera pas et fera tout afin qu’il investisse cette belle somme dans un magnifique appartement vue sur mer, dans le complexe touristique qu’il envisage de construire.